Abdelkebir Rabi'
Né en 1944 à Boulemane, Abdelkébir Rabi’ suit les cours de l’École normale de Fès (1961) pour devenir enseignant. De 1967 à 1988, il enseigne dans les établissements secondaires. Il se forme seul à l’art en lisant des ouvrages spécialisés et en consultant les documents artistiques qu’il trouve dans les bibliothèques de la ville et en effectuant des stages artistiques en France.
En 1988, il enseigne l'art et l'esthétique à l’Université Hassan II. Il se retire de l’enseignement en 2003 pour se consacrer à la peinture. Sa première exposition personnelle a lieu en 1968 à Fès. Ses toiles captent le regard, figent l’instant et plongent le spectateur dans un univers singulier et puissant. Son imaginaire empreint de poésie et de solitude transparaît avec émotion à travers les traits bruts, les noirs saisissants ou les jeux d’ombre et de lumière. Abdelkébir Rabi’ maîtrise avec virtuosité différentes techniques telles que le fusain, l’encre de chine ou la peinture à l’huile. Dans certaines de ses toiles, il transcende l’art ancestral de la calligraphie avec un coup de pinceau bref et sûr.
Chaque tableau de Rabi' résulte d’une méditation différente
Figurant parmi les fondateurs de l’expérience symbolique marocaine, cet artiste est toujours en recherche, essayant d'atteindre l'inaccessible. Il creuse pour approfondir son travail et présenter des oeuvres exceptionnelles. Pour lui, l'acte pictural est une affaire personnelle. Chaque tableau de Rabi' résulte d’une méditation différente avec son schéma organisateur et son rythme propre.
Pour cet artiste, les montagnes, paysages austères, forêts... incitent au recueillement. La nature et le vide l'inspirent pour se ressourcer. Abdelkébir Rabi' privilégie les moments qu'il passe avec lui même. Selon l'artiste, critique d’art, Mohamed Rachdi, Rabi' préfère s’éloigner du bruit du monde. En suivant le mystère de création de la vie, il déploie son message de façon symbolique et métaphorique en jouant sur la lumière. «Rabi' c’est la verdure, le renouveau, la renaissance», affirme Mohamed Rachdi. Abdelkébir Rabi' a réalisé, à travers ses escales en atelier, différents aspects d’ombres de sens. Pour lui, la meilleure façon d’exprimer la lumière, c’est de parler de l’ombre.
«Son penchant pour la noirceur n’était qu’un voile sur sa tentative visant à transcender la zone de l’isthme gris, en l’abrogeant et en supprimant ses déguisements», souligne Charafdine Majdouline. L’artiste concentre son énergie à la création de formes capables de rendre compte du déploiement infini du temps. La démarche artistique de Abdelkébir Rabi’ est intimement liée à la réflexion spirituelle et philosophique. Ses tableaux questionnent sur la liberté, la tranquillité, l’absolu et l’unicité de l’individu.
Source: Le Matin