Abdelkrim Ouazzani
À première vue, les œuvres de Abdelkrim Ouazzani offrent l’image d’objets simples, ludiques à la limité de la naïveté, mais en réalité, elles recèlent une profondeur et un intérêt certain à chercher, au-delà des formes récurrentes qui font l’identité de l’artiste, à savoir la roue et le cercle. Omniprésentes dans ses sculptures, ces deux constantes résument la démarche de Ouazzani et représentent la relation qu’il entretient avec les êtres et la nature. «Le cercle est avant tout le symbole de la terre, la continuité, le cycle de la vie, le voyage, le cercle vicieux. Mon travail représente souvent un être vivant qui cherche l’avenir, une planète meilleure, un monde plus coloré : un voyage au bout du monde pour échapper à quelque chose : pollution, misère ?», affirme-t-il.
Une échappatoire que cet éternel enfant bâtit avec un savoir-faire dont lui seul détient le secret. Avec sa spontanéité innée et son raffinement qu’il a cultivé avec le temps, Ouazzani nous livre des objets savants qui sentent la fraîcheur et l’innocence, mais qui n’ont rien d’un jeu d’enfant, car derrière, se profile une recherche et une démarche bien pensée ou l’improvisation n’a pas de place. Les matériaux sont bien travaillés. Le métal et le plâtre sont enveloppés, habillés d’une toile en peinture acrylique, et forment dans l’espace un dessin coloré en trois dimensions. Des sculptures polychromes qui dégagent une sensibilité et une poésie qui renvoient à la fragilité de l’enfance. Elles sont, partant, très humaines, car traduisant le souci de l’artiste pour les causes de la nature. Une préoccupation qui ne date pas d’hier puisque Abdelkrim Ouazzani s’intéresse depuis 31 ans à l’écologie. De son aveu, les choses de la nature lui renvoient son image. «En réalité, tous ces animaux, ces plantes et même les objets, représentent une partie de l’humain, et souvent cet humain c’est moi», souligne-t-il. Et d’ajouter : «ces êtres sont souvent plus des mots que des dessins. J’utilise l’animal ou la plante pour lui donner une autre dimension et pour créer une sorte de poésie visuelle».
Tel un enfant, devant une page blanche, Ouazzani couche ses idées au gré de son inspiration. Il se laisse guider par sa muse et savoure ce moment privilégié de création avec toute l’extase et la frénésie qu’elle suscite. Au bout de chaque aventure picturale, l’éblouissement est au rendez-vous. L’éblouissement, mais également la joie de jouer avec les couleurs et les formes et de donner corps à des sentiments confus qu’il exprime à travers l’alphabet de l’art. Un alphabet à découvrir du 10 au 30 mai à Loft Art Gallery à Casablanca.
Source: Le Matin