Abdelmoumen El Farouj
Entretien avec l’artiste peintre, Abdelmoumen El-Farouj
Propos recueillis par El Hassane Marzouk
Issu d’une famille d’artistes peintres, Abdelmoumen El-Farouj a été influencé, depuis son jeune âge, par sa mère Fatima Hassan El-Farouj et son père Hassan El-Farouj et par son épouse fille de l’artiste Ben Allal, qui l’ont soutenu dans tout son parcours artistique. Cet artiste-peintre présente des scènes de la vie marocaine, et a produit des œuvres exquises.
Son talent et sa cime picturale et existentielle ressemblent globalement à ceux de sa mère Feue Fatima Hassan El-Farouj. Ces œuvres témoignent les grands moments de fêtes et de rituels. Dans les fêtes, on découvre toute la tradition et les coutumes et us marocains (broderie, tissage, couture, tatouage au henné, fantasia….) avec tous ces beaux paysages et ces belles femmes aux gros yeux noirs habiles portant l’habillement traditionnel marocain, avec une grande simplicité et plein de couleur. Sa touche artistique nous fait découvrir un art de vivre et de savoir-vivre qui caractérisent la vie marocaine traditionnelle. Décryptage sur ses propos.
Pouvez-vous nous parler de votre arrogance, de votre lieu de naissance, de votre douloureux asile en faveur de l’art plastique…Dans quelle mesure avez-vous fait émerger votre talent artistique ?
Né en 1963 à Salé, artiste-peintre, titulaire d’une licence en économie fondamentale, je vis et travaille à Salé. A mon actif, j’ai organisé plusieurs expositions tant nationales qu’internationales. Ce n’est que sur la toile que je divulgue mes confidences et douleurs. Je fais émerger mon talent artistique à travers et via la toile. Sur la toile, je veille au respect de l’excellence en produisant des tableaux d’un gout exquis qui se renouvellent sans cesse. Ma devise artistique « si tout si bas était excellent, il n’y aurait rien d’excellent ».
Qui motive votre pinceau à dessiner ? Une scène qui vous admire ou un événement douloureux qui vous attire, ou une situation qui s’est déroulée devant vous, ou bien des mots expressifs résultant d’un écrivain , poète ou d’un créateur qui vous subliment ?
Mes travaux artistiques représentent l’expression de mes sentiments, de mes opinions, de mon goût pour les choses qui font notre patrimoine culturel et artistique. Au regard des événements douloureux qui m’ont arrivé durant mon jeune âge, et des péripéties et des conditions sociales d’un passé pétrie de douleurs et de frustrations et de souffrances, j’ai pu aujourd’hui exprimer mes pensées à travers chacune de mes toiles qui contiennent chacune mes secrets que j’ai gardé jalousement au profond de moi-même. Il faut dire enfin que je côtoie, de temps en temps, des écrivains, des poètes et des Hommes de l’art. Il arrive parfois, je m’inspire de leurs idées et conseils qui éclairent la thématique de l’œuvre que je cherche à réaliser.
Chaque artiste a son propre style. Quelles sont les caractéristiques et le style de l’artiste-plasticien Abdemoumen El-Farouj ? Quelle a été votre première œuvre d’art qui vous a marqué de façon significative tant au niveau national qu’international ?
Je dois dire au préalable que l’artiste est un être humain doté de qualités et de capacités inestimables. Dieu lui a donné des facultés qu’il n’a pas données à d’autres êtres humains, et il l’a créé pour être comme des roses parmi les plantes. Il lui avait donné de l’éclat et de la sagesse lui permettre de posséder certaines capacités précieuses, pures et rayonnantes qui vont dans le sens d’enrichir la vie humaine et de la changer de mieux en mieux. J’ai vu de merveilleuses œuvres des artistes géants , tels que : Pablo Picasso, Salvador Dali, Alberto Geacometti, Auguste Renoir…et d’autres artistes marocains (es) célèbres comme Chaibia Talal, Toufa Al Harah , Ben Allal, Abbas Saladi, Ahmed Cherkaoui, Jilali Gharbaoui, Yahia Khalif, Mohamed Kacimi, Hassan El Glaoui…Chacun (e) de ses artistes a son propre style. J’ai eu la chance d’être entouré et encadré par mes parents Fatima Hassan et Hassan Al-Farouj, et ma femme fille de l’Artiste Ben Allal, dont l’atelier n’était pas pour moi un sanctuaire sacré. Ce qui m’a permis de découvrir leurs styles et techniques de peinture. Mon style à moi englobe à la fois celui de mon père et encore plus celui de ma mère. Tout se joue sur ma tête. Je n’ai aucun référentiel technique pour transformer et décoder la couleur et la matière. Mon souci majeur est le respect de l’excellence. Les touches, les formes et les couleurs sont très simples, rayonnantes, naïves, infantilisées. Les dimensions, les supports et les perspectives se conçoivent en fonction de la thématique que je choisie avec minutie et rigueur. Picasso nous dit : « c’est génial d’utiliser des matières premières et de les transformer en une œuvre d’art ». C’est ça ma mission et mes attributions principales.
Quels sont les tableaux de Fatima Hassan Al-Farouj les plus importants qui sont restés fermement ancrés dans votre esprit à ce jour, et que vous ne les avez pas oubliés pour toujours ?
Je me rappelle de son exposition individuelle au Centre de l’alliance française à Rabat en 1974, qui était son baptême du feu quand elle affrontera un public curieux à l’endroit d’une femme autodidacte et pragmatique entourée par des couches populaires qui la considèrent à cette époque comme pionnière manipulant avec aisance une peinture fougueuse sans entraves. Depuis, sa force de création ne cesse de nous étonner. Elle est en perpétuel jaillissement de formes dans un éclaboussement de couleurs.
Vous avez été entouré et encadré par votre mère Fatima Hassan et votre père Hassan Al-Farouj. D’après vous y’a-t-il une différence au niveau des styles entre les deux ? Que pensez-vous de cela ?
Hassan, comme a dit Denise Ex Dyvorne dans le journal «La Vigie Marocaine» du 21/02/1970, est un «peintre doué d’originalité qui sait contrôler son instinct et quitter son imagination». De ce fait, il a essayé de développer ses œuvres et cherche un moyen de s’exprimer et d’exprimer ses sentiments en ayant recours à son savoir-faire et à l’utilisation de la couleur-matière qui fait balayer ses œuvres, et fait exploser spontanément ses rêves artistiques. La couleur pour lui acquiert une importance primordiale, car il ne l’harmonise pas autant qu’il l’utilise telle quelle sans prêter attention aux dégradés et au «raffinement», et la traite avec une sorte de naïveté et continuité dans une tentative de la soumettre au contrôle de son instinct. Dans ses travaux artistiques, Hassan recourt fréquemment à l’utilisation de certains symboles et formes géométriques manipulés dans les tapis marocains et africains. Globalement, Hassan et Fatima ne sont pas différents dans leur parcours créatif et leur persévérance : Hassan traite de la matière et de la couleur dans le but de percer dans des structures contemporaines avancées qui correspondent à ses ambitions et inclinations personnelles. Fatima, par contre, nous propose des images et symboles issus de la vie marocaine traditionnelle : mariages, tatouages, danses intégrant la nature dans son atmosphère magique etc. Tout cela donne des mouvements artistiques et poétiques à ses œuvres. Au final, l’expérience de Hassan et Fatima reste ipso facto différente en termes de mentalité et de maniement, mais ce qui les unit : c’est la persévérance et le travail dans la durée.
Que pensez-vous des écrivains de la critique d’art au Maroc ? Etes-vous satisfait de leurs écrits sur l’art plastique à l’heure actuelle, ou vous partagez l’idée de Guy Debord qui a parlé de la Société du Spectacle ?
Sur ce point, il faut dire que globalement il existe une relation dialectique entre la critique d’art et l’artiste-peintre. La critique d’art est très importante pour ce dernier, car elle permet d’apporter des jugements et relever les aspects positifs et les aspects négatifs qui résultent des tableaux qu’il a réalisés. Le but ultime de tout cela, est de corriger les anomalies et les insuffisances constatées, et aussi et surtout d’améliorer la qualité des tableaux qui seront produits ultérieurement par l’artiste. Aujourd’hui, nous notons avec regret l’apparition de la médiocrité, de la banalité et de l’utilitarisme qui ressemblent quelque peu au paradoxe de Guy Debord ; et la critique d’art porte le plus souvent sur les aspects négatifs et laisse de côté les aspects positifs. Dans ce cadre, il y a lieu de signaler que nous disposons actuellement de peu d’écrivains critiqueurs de talent. Ils sont malheureusement comptés au bout des doigts.
Je rejoints enfin l’idée avancée, à Al Bayane n° 12191 du 14-15 Février 2015, par Mohammed Mansouri Idrissi, Ambassadeur de la « Mondial art académie au Maroc », qui a souligné : « le rôle de la critique d’art et son développement pour évaluer et promouvoir les œuvres authentiques et de qualité». Pouvez-vous nous parler de votre Plan d’Actions prévisionnel et vos programmes et projets à court, à moyen et à long termes ?
A présent, je suis en train de préparer une dizaine de tableaux pour participer à la 13ème édition du Salon du Cheval d’El Jadida qui aura lieu du 18 au 23 Octobre courant. Ce Salon est placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu le Glorifie. C’est une occasion pour moi de présenter mes nouvelles et meilleures œuvres artistiques pour contribuer au développement de la filière équine. J’ai également d’autres programmes et projets en perspective. Je cites quelques-uns : L’organisation, dans le cadre de la Régionalisation Avancée, de plusieurs expositions dans certaines régions du Maroc, la participation aux rencontres artistiques et aux festivals régionaux, la contribution à la réalisation des actions qui seront programmées annuellement par le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, la participation à l’implémentation du Nouveau Modèle de Développement du Maroc (volet Art Plastique), la participation aux plusieurs activités festives qui seront organisées annuellement par les autorités régionales, provinciales et locales, et par les acteurs de la Société Civile , ainsi que par les artistes plasticiens professionnels, et aussi l’organisation des expositions dans certains pays de l’Union Européenne et dans d’autres pays frères et amis africains.
Source: Albayane Press