Abderrahmane Rahoule
En voici un dont la discrétion est, disons, maladive. Un énorme artiste moderne, un enseignant, un passeur, un poète dans l’âme. Son parcours multiple fait de lui le créateur polyglotte. La peinture, la sculpture, la céramique et des matières à foison rendent l’appréciation de son travail complexe. Complexe et compliquée. Sa générosité dans l’approche n’est pas là pour simplifier la lecture et c’est tant mieux. Abderrahman Rahoule est cet espiègle qui aborde l’art avec gourmandise. En peinture, il est sur plusieurs fronts qu’il visite en progressant dans le temps. Il s’amourache du cubisme, figure la géométrie, enlace l’abstraction. Et puis, il fait cohabiter les périodes pour qu’elles s’érigent comme le contenant d’une vie, d’un cheminement résolument éclectique, passionnément fluide. Ses œuvres prennent différentes consonances à mesure qu’on s’approche ou qu’on s’éloigne d’elles. Elles sont plurielles et renvoient curieusement à un lyrisme soutenu par la force de couleurs savamment orchestrées.
Calme et intimité
Pour arriver à harmoniser son expressionnisme, Rahoule tâte et tâtonne. De longues heures, de longs jours et de longs mois rythment une recherche qu’il fait diversifier.
Dans «L’Art contemporain au Maroc» (ACR Edition, 1989), l’historien de l’art Mohamed Sijilmassi écrit : «OEuvrant simultanément la toile et la terre cuite, il mène de pair ses recherches plastiques dans les domaines de la peinture et de la céramique. Les mêmes formes harmonieuses sont reprises d’un matériau à l’autre avec chacun l’exigence de sa technique. Les compostions de personnages difformes, entrelacés et arrondis de ses premières exposions font place à des constructions architecturales où murs et dômes s’organisent pour accentuer l’effet de relief et évoquer le calme et l’intimité des demeures marocaines.» Demeures essentiellement casablancaises, chéries par le fils de Derb Soltane.
Si Sijilmassi évoque la céramique, c’est que Rahoule en use depuis les débuts de son aventure plastique. Tout comme la sculpture. Le poète et critique d’art Abderrahman Benhamza décrit : «L’élément personnage trouve sous sa main une autre manière d’exprimer sa subjectivité. Courbes, rondeurs, un poli tactile se résument en un modelé qui n’est que douceur et caresse de la matière. S’y exprime un affect en rupture totale avec ses œuvres peintes.
Rahoule dialogue avec une symbolique des formes où est célébrée l’idée de couple comme valeur sociale primordiale. Le contraste vide/ plein en compose le langage essentiel. Le minéral (terre, bronze) est parfois poussé à des limites de lissage telles que la lumière y trouve son éclat expressif, le meilleur.
Souvent d’une égale dimension, les sculptures de Rahoule demeurent son côté tendre du point de vue artistique. Aucune violence, mais une exubérance de courbes, une manière d’arabesques qui sont autant de liens affectifs, de notes musicales imbriquées les unes dans les autres en d’innombrables signaux symboliques.» A le rapprocher de son ami Mohamed Hamidi, Abderrahman Rahoule sculpte le désir, le plaisir et l’érotisme avec une douce affection des sens.
Liberté totale de création
Le natif de Casablanca en 1944 débute son apprentissage artistique en 1962 dans sa ville natale à l’Ecole des Beaux-arts avant de s’envoler pour Paris où il est admis à l’Ecole nationale supérieure des arts industriels et des métiers, ensuite à l’Académie populaire des arts plastiques. Il gagne plus tard la Hollande où il suit un stage de céramique. Belle expérience qui lui permet de tenir sa première exposition. Le voilà céramiste-sculpteur.
L’acharné apprenti fait un crochet par la Tchécoslovaquie où il se frotte à la faïence et regagne Casablanca pour retrouver sa première école en tant qu’enseignant cette fois-ci. C’est son premier directeur Farid Belkahia, entouré de Chebaâ et Mellihi, qui le sollicite pour le poste. Rahoule finit par prendre les rênes de cette institution en 2003/2004. Il la quitte en 2017, reprenant sa liberté totale de création, une liberté qui se traduit aujourd’hui par l’organisation d’une large rétrospective comme celles tenues précédemment. Un solo show «frais» serait, bien évidemment, le bienvenu.
Anis HAJJAM
Calme et intimité
Pour arriver à harmoniser son expressionnisme, Rahoule tâte et tâtonne. De longues heures, de longs jours et de longs mois rythment une recherche qu’il fait diversifier.
Dans «L’Art contemporain au Maroc» (ACR Edition, 1989), l’historien de l’art Mohamed Sijilmassi écrit : «OEuvrant simultanément la toile et la terre cuite, il mène de pair ses recherches plastiques dans les domaines de la peinture et de la céramique. Les mêmes formes harmonieuses sont reprises d’un matériau à l’autre avec chacun l’exigence de sa technique. Les compostions de personnages difformes, entrelacés et arrondis de ses premières exposions font place à des constructions architecturales où murs et dômes s’organisent pour accentuer l’effet de relief et évoquer le calme et l’intimité des demeures marocaines.» Demeures essentiellement casablancaises, chéries par le fils de Derb Soltane.
Si Sijilmassi évoque la céramique, c’est que Rahoule en use depuis les débuts de son aventure plastique. Tout comme la sculpture. Le poète et critique d’art Abderrahman Benhamza décrit : «L’élément personnage trouve sous sa main une autre manière d’exprimer sa subjectivité. Courbes, rondeurs, un poli tactile se résument en un modelé qui n’est que douceur et caresse de la matière. S’y exprime un affect en rupture totale avec ses œuvres peintes.
Rahoule dialogue avec une symbolique des formes où est célébrée l’idée de couple comme valeur sociale primordiale. Le contraste vide/ plein en compose le langage essentiel. Le minéral (terre, bronze) est parfois poussé à des limites de lissage telles que la lumière y trouve son éclat expressif, le meilleur.
Souvent d’une égale dimension, les sculptures de Rahoule demeurent son côté tendre du point de vue artistique. Aucune violence, mais une exubérance de courbes, une manière d’arabesques qui sont autant de liens affectifs, de notes musicales imbriquées les unes dans les autres en d’innombrables signaux symboliques.» A le rapprocher de son ami Mohamed Hamidi, Abderrahman Rahoule sculpte le désir, le plaisir et l’érotisme avec une douce affection des sens.
Liberté totale de création
Le natif de Casablanca en 1944 débute son apprentissage artistique en 1962 dans sa ville natale à l’Ecole des Beaux-arts avant de s’envoler pour Paris où il est admis à l’Ecole nationale supérieure des arts industriels et des métiers, ensuite à l’Académie populaire des arts plastiques. Il gagne plus tard la Hollande où il suit un stage de céramique. Belle expérience qui lui permet de tenir sa première exposition. Le voilà céramiste-sculpteur.
L’acharné apprenti fait un crochet par la Tchécoslovaquie où il se frotte à la faïence et regagne Casablanca pour retrouver sa première école en tant qu’enseignant cette fois-ci. C’est son premier directeur Farid Belkahia, entouré de Chebaâ et Mellihi, qui le sollicite pour le poste. Rahoule finit par prendre les rênes de cette institution en 2003/2004. Il la quitte en 2017, reprenant sa liberté totale de création, une liberté qui se traduit aujourd’hui par l’organisation d’une large rétrospective comme celles tenues précédemment. Un solo show «frais» serait, bien évidemment, le bienvenu.
Anis HAJJAM
Source: L'Opinion
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