Ahmed Amrani
Etrangement peu connu pour le grand public, Ahmed Amrani est pourtant l’un des plus talentueux peintres historiques. Né en 1942 à Tétouan, son terrain d’enfance, il a eu le bonheur d’exposer pour la première fois en 1957. Intitulée « Grande exposition collective hispano-marocaine de peinture et de sculpture», ce premier pas dans la cour des grands était surtout l’occasion d’exposer son art à côté de plusieurs figures de proue de la peinture : Mariano Bertuchi, Saad Ben Cheffaj, Mohammed Serghini et Mekki Megara. Dès lors, Ahmed Amrani expose un peu partout sauf à Casablanca. Du 31 décmebre jusqu’au 9 janvier 2009, pour la première fois de son histoire, l’artiste peintre Ahmed Amrani a récemment exposé ses œuvres à Casablanca. Et c’est la galerie d’art l’Atelier 21, un espace fraîchement créé sous l’impulsion du critique d’art, Aziz Daki, et la femme d’affaires, Aïcha Amor, qui a choisi de mettre en lumière la dernière collection de ce peintre inspiré. D’où l’intérêt de l’exposition intitulée «L’Abécédaire bleu». Certes, il s’agit d’une exposition de rare pureté. La maturation artistique de notre plasticien contemporain s’est déjà faite. Et elle est nettement perceptible dans ses œuvres récentes. En principe, comme toute œuvre de qualité, celles-ci possèdent le sens de l’universel atemporel. Certaines de ses compositions sont d’une telle limpidité chromatique. En somme, c’est l’art dans tous ses états. Tout cela fait foi d’une générosité nettement perceptible dans les travaux d’Amrani. Et ce n’est pas le critique d’art Aziz Daki qui nous dira le contraire. «On serait mal fondé de reprocher à Ahmed Amrani de ne pas communiquer sur son travail et encore moins de montrer ses travaux en Espagne. Car si surprise il y a, c’est d’abord celle que procure le plaisir de découvrir un artiste qui peint depuis un demi-siècle, qui a un langage personnelle et une maturité par rapport à l’histoire de la peinture. Ahmed Amrani aime s’emparer de certains thèmes qui ont tant de fois été peints par les peintres occidentaux. Mais il le fait à sa façon, avec distance et même une souveraine irrévérence si l’on tient compte du fait qu’il est issu d’une culture, traditionnellement fermée à la peinture de chevalet. La preuve de son irrévérence : le tableau qu’il a intitulé “Le Marronnier des peintres“. On y voit un homme debout, les mains écartées. Ce personnage est démultiplié à l’arrière-plan, comme s’il était mis en abîme», explique-t-il.
C’est évident. Amrani demeure l’un des créateurs les plus singuliers. Un créateur placide, qui ignore la mélancolie ambiante. Et ses œuvres sont tournées vers un avenir dont, elles paraissent si lumineuses. Elles sont prometteuses. Le peintre avance toujours, et accorde une haute importance son art. Modeste, comme le sont les vrais artistes, il sait pertinemment que son travail a besoin de temps pour être reçu, et apprécié. Mais, sa plate-forme s’est éclairée puisque la géométrie de ses compositions s’est rendue de plus en plus aérienne. Alors là il n’y a absolument pas de rupture dans ce travail. On dirait plutôt une nette évolution : apparemment lente mais plus grande ouverture au monde. Il possède toujours cette énergie dans la représentation du visible. La couleur est primordiale pour son tableau. Il l’utilise à profusion avec cependant une gamme chromatique qu’il ajuste avec finesse et élégance.
Cet éclectisme ambiant, perceptible dans sa technique, est le résultat d’un travail parfois original, souvent novateur, intuitif et très certainement issu de sa créativité qui semble sans limites. C’est un artiste qui possède de grandes capacités picturales et qui aime développer son univers, en le transformant, en le décomposant. Même si le trait est présent, il n’est qu’un point d’ancrage pour l’ensemble de son œuvre et ne prend nullement une position majeure dans son ensemble.
Un parcours étonnant
Ahmed Amrani est né à Tétouan 1942. Il a d’abord suivi une formation à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale de 1954 à 1959, avant de partir en Espagne s’inscrire à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts, Santa Isabel de Hungria à Séville de 1959 à 1960. Une année plus tard, il s’inscrit à l’Ecole des Beaux Arts San Fernando de Madrid où il décroche une licence en arts plastiques en 1965. Ahmed Amrani est également diplômé de l’Ecole des Arts graphiques de Madrid. Ahmed Amrani est un peintre historique, peu connu du grand public.
Sa première exposition remonte à 1957. Il avait montré ses tableaux à Tétouan aux côtés de Mariano Bertuchi, Saad Ben Cheffaj, Mohammed Serghini et Mekki Megara dans une exposition intitulé «Grande exposition collective hispano-marocaine de peinture et de sculpture ». Depuis cette date, l’artiste a poursuivi une carrière entièrement tournée vers le pays où il a été formé : l’Espagne. Il y est représenté par trois galeries, compte des collectionneurs espagnols, et chacune de ses expositions remporte un vif succès.
Source: Libération
Sort by
There are no product yet!