Amal Sentissi

Quelle a été l’origine de l’artiste Amal Sentissi? Comment vous avez découvert ce si joli talent?
Du plus loin que je me souvienne j’ai toujours baigné dans l’art. D’abord auprès de mon père grand amateur de peintres marocains (Regragui, Chaaybia…..) ensuite avec feu mon mari collectionneur et marchand d’art. C’est avec lui et à travers lui que j’ai réellement découvert et approfondie l’histoire de la peinture mais aussi de la photographie et la sculpture avec ses différentes périodes et ses différents courants.
Ma passion était là, bien enfouie quelques part en moi et ne demandait qu’à s’exprimer.
J’ai tout d’abord commencé à restaurer des meubles d’époque. Je voulais leur apporter une certaine contemporalité tout en préservant leur authenticité. Puis je me suis essayée à la peinture sur bois et enfin la peinture sur toile. Ma palette de couleurs bien étendue s’est progressivement réduite avec le temps aux couleurs chaudes les bleus essentiellement pour finir par se concentrer sur les noirs quand j’ai découvert à quel point cette tonalité était porteuse de plusieurs autres.
C’est je pense cette rencontre avec le noir qui a été le facteur désinhibant, libérateur et déclencheur d’une véritable passion.
A quel genre d’écoles de peinture vous vous sentez la plus proche et à l’aise ?
Je dirais entre l’expressionnisme abstrait et l’abstraction qui a été une étape cruciale dans l’évolution de l’art moderne. L’art abstrait à quand à lui été un mouvement qui a dominé tout le XX siècle. Il ne représente pas des objets ou des sujets mais des formes et des couleurs pour ce qu’elles sont.
Je me suis toujours affranchie de la volonté de reproduire le réel, duquel j’ai toujours douté, raison pour laquelle je me sens plus proche de ce dernier mouvement.
Concernant l’expressionnisme abstrait, on distingue plusieurs dénominations. Personnellement, je me retrouve dans le colorfield-painting qui n’est autre que la mise à plat de couleurs.
Un autre mouvement m’a toujours interpellé le Minimalisme qui lui joue sur les effets de couleurs de formes et de lumières.
Je pense qu’il n’y a pas lieu de se restreindre à des théories, il est préférable d’aller vers ce que l’on ne sait pas…
Le choix de la couleur noir dans vos peintures est remarqué par tous les critiques et experts. Il explique quoi exactement ?
Comme je l’ai dit précédemment, la couleur noir s’est imposée à moi et m’a permis de me révéler et de libérer ma passion. C’est assez extraordinaire mais plus on travaille le noir et plus on découvre d’autres nuances de noir. C’est comme si le fait de l’étaler permettait de séparer toutes ses nuances  jusqu’à en faire jaillir la lumière. Je suis moi-même à chaque fois fascinée par cette mystérieuse couleur /non couleur.
Matisse résume très bien cette sensation en disant : “Le noir est une couleur en soi qui résume et consume toutes les autres”.
Lors de votre dernière exposition en novembre dernier, vous avez été particulièrement applaudie par les amateurs et les professionnels d’art. Comptez-vous programmer une nouvelle expo d’une dimension beaucoup plus grande ?
Mon pari et objectif était double : Premièrement, sortir l’art des espaces conventionnels à savoir les galeries, musés… et deuxièmement ouvrir un espace d’exposition à de jeunes artistes afin de promouvoir leur travail.
J’ai été effectivement agréablement surprise par les nombreuses réactions positives et encourageantes suscitées par cette rencontre et surtout confortée dans ma démarche.
J’en profite pour remercier toutes celles et ceux qui m’ont aidé d’une manière ou d’une autre à porter et à concrétiser mon projet. Leurs présences et leurs confiances m’ont été d’un immense soutien.
Oui bien sûr je me projette déjà dans le prochain event. La pression et l’exigence seront encore plus fortes car il va falloir imprimer mon style et confirmer mon talent. Toutefois je reste confiante et sereine.
Quel est le degré de la synergie et de la  symbiose entre Amal Sentissi l’artiste peintre et l’experte bancaire?
Vous savez nous sommes tous multiples. En chacun de nous sommeille le meilleur et le pire, le généreux et l’avare…. Et toute la vie nous révélons à chaque fois la partie de nous que nous avons le mieux nourrie. J’ai eu une longue carrière dans la finance dans laquelle je me suis énormément épanouie, où j’ai également beaucoup appris et qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Mon autre versant d’artiste que je révèle aujourd’hui n’est autre que moi. Je l’ai  gardé secret. Le temps est venu de le révéler et de l’amener, en toute humilité, à maturité.
Je conclus sur cette citation de Bansky qui me convient parfaitement et en dit long sur moi : « Vous n’avez pas besoin de permis de construire pour construire des châteaux dans le ciel. »
Propos recueillis par Abdeslam REDDAM
Source: La Depeche24

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