Amina Rezki
Ses tableaux ne proviennent ni de modèles extérieurs ni de visions imaginaires. Ils ne sont pas non plus l’œuvre d’une préméditation. On y voit plus l’impulsion du mouvement des mains, provoquant sur le blanc une giclée, un trait qui arrête la peinture sur une image dont l’artiste-peintre pourrait en soigner l’apparence. Laissant place à une intuition invasive, Amina Rezki arrache au vide un corps à suspendre dans un gouffre, laissant ainsi place à la traduction frénétique d’une poussée intérieure. L’artiste-peintre marocaine, native de Tanger, a quitté le Maroc avec sa famille à l’âge de cinq ans. Ils se sont installés à Bruxelles où elle vit et travaille depuis lors.
«Toute petite, je me rappelle que j’avais toujours un crayon en main, ou de la peinture. On peut dire qu’à l’époque c’était mes fidèles compagnons», confie Amina Rezki. Après avoir été diplômée de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles en 1984, elle se marie et se consacre pleinement à l’éducation de ses huit enfants. Quinze années après, elle ressent le besoin de reprendre la peinture, et tente de renouer le lien.
«Je me suis dit : si tu ne le fais pas maintenant tu ne le fera jamais», nous confie-t-elle. Reprendre la main lui a nécessité six années de cours de soir où elle peaufine sa vision et ses techniques. Sur ses tableaux, des silhouettes, des visages difformes, mais aussi des états d’âme qui communiquent. D’une trace, ou d’une tache, d’un effacement ou d’un grattage, émerge la suggestion physique de son jaillissement futur.
La vision de son projet oscille par l’envie de faire du pictural qui marie parfaitement la volonté et le hasard. Pour Amina Rezki, «en dessinant des portraits, la ressemblance ne m’intéresse pas. Je ne m’inspire jamais des photographies comme font certains artistes. Je laisse libre cours à mon imagination». Et d’ajouter : «Je fais toujours en sorte que ce ne soit pas juste un simple portrait, mais d’aller au-delà en laissant jaillir le ressenti à travers le tableau. Et surtout d’essayer de voir ce qu’il y a derrière l’humain».
On relève aussi sur ces tableaux l’irrégularité comme l’on entrevoit quelques lignes et contours bien tracés. «A chaque fois je travaille de manière différente. Je ne suis pas de thème, je laisse libre cours à mon imagination et surtout mon instinct. Quand je commence une toile, je ne sais pas ce qui va en découler. Je peins, et je peux dire même que c’est la toile qui me commande.
A un certain moment, je sens que la toile est complète, et puis je me dis : voici ce que je cherche, je peux m’arrêter là», explique Amina Rezki. C’est ainsi qu’elle se consacre à une peinture intuitive qui ne semble respirer à l’aise qu’en se saisissant du frisson de l’âme humaine.
Maryem Laftouty
Source: Aujourd'hui Le Maroc
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