Aziz Azerhai
ALM : Vous êtes poète mais aussi peintre. Deux arts ayant rapproché à travers l’histoire de la littérature et des arts en général, poètes et peintres plasticiens. Comment vivez-vous cet heureux mariage entre ces deux arts ?
Aziz Azrhai : Ce sont deux modes d’expression artistique qui se complètent mutuellement. J’ai toujours apprécié ces mariages et dialogues entre les différentes formes de communication artistique et particulièrement entre la poésie et la peinture. Mais au niveau de la majorité des expériences, peu nombreuses dans notre pays, ayant regroupé des peintres et des poètes, la poésie ne joue qu’une fonction d’illustration ou d’embellissement de l’espace de la toile. Ce n’est nullement un travail en profondeur. Je préfère que chaque forme d’art préserve son autonomie. Lorsque je me trouve dans l’impossibilité de transcrire une idée avec les mots, je l’exécute avec la couleur et vice versa.
En contemplant vos œuvres, l’on s’inscrit dans une aventure picturale qui part en quête d’une éternelle découverte du monde de la peinture, qui devient la vôtre également.
Je suis poète, mais aussi peintre autodidacte. Il est vrai que j’ai suivi au collège, dans les années 80, une formation au niveau des arts plastiques. Par passion pour l’art de peindre, j’ai forgé mon propre parcours pictural en me baignant dans l’océan des couleurs, des formes et de la matière. L’expérience de plusieurs artistes m’a beaucoup enrichi. Il est vrai qu’on ne cesse pas d’apprendre dans le monde de l’art
«Rides» est la thématique sous laquelle s’inscrit l’exposition organisée à l’espace d’art de la CDG. Comment s’explique ce choix?
C’est en travaillant mes tableaux que j’ai vu naître des formes qui ont des allures de rides.
Pour moi, la peinture est une aventure qui vous mène dans différents ailleurs et chaque ailleurs est une nouvelle richesse et une belle découverte. Je travaille la matière et c’est cette matière qui donne au tableau son âme.
Quel sentiment éveille en vous une toile vide, qui attend votre premier jet ?
C’est une angoisse que l’on doit maîtriser à tout moment. Ce sont des interrogations qui se bousculent dans votre tête. Mais partant du fait que la peinture est une aventure, il faut oser caresser cet espace blanc. Car, une fois posée, la première touche est souvent amenée à être constamment ou souvent retravaillée. J’adore l’idée de mutation.
Vous vous déclarez peintre abstrait…
Je n’aime pas être figé dans un seul et unique moule. Je ne suis pas prisonnier d’une seule technique. Comme je l’ai dit au début, ma carrière de peintre s’inscrit dans le monde de l’apprentissage. Je ne cesserai jamais d’apprendre pour pouvoir évoluer.
Vous êtes très attiré par les couleurs bleue et ocre.
Deux couleurs que j’apprécie de par leur transparence, leur profondeur, leur opacité. Je travaille également sur la dégradation de ces deux couleurs.
C’est pour quand votre prochain recueil de poésie ?
Dans un mois, au maximum. Je l’ai titré «Ceux que tu n’aime pas». L’illustration de la couverture, c’est moi-même qui l’ai réalisée.
Comment percevez-vous la réalité de la peinture marocaine actuellement ?
Je suis sincèrement fier de faire partie des peintres marocains. Notre peinture fait concurrence aux grands peintres internationaux. Nous sommes reconnus et appréciés mondialement.
Je salue l’initiative de certaines institutions bancaires qui commencent à s’ouvrir sur l’art et les artistes, à faire leur promotion et à les encourager à produire.