El Amine Demnati
El Amine Demnati est un artiste atypique. Il voulait à la fois briller dans le monde des peintres et compter parmi les architectes importants du pays. Les premiers lui refusaient l’entrée à leur corporation. Les seconds trouvaient qu’il touchait à trop de formes à la fois pour être totalement architecte. Au bout du compte, il aura mené un combat sur deux fronts : la peinture et l’architecture. Il n’est sorti vainqueur ni de l’un, ni de l’autre. Les peintres faisaient des expositions sans jamais lui demander de s’associer à eux. Les architectes le citaient très rarement quand ils parlaient de leur métier. Mieux. L’homonymie de l’intéressé avec l’autre Demnati, décédé à Skhirat en 1971, a porté un préjudice considérable à sa carrière de peintre.
C’est une homonymie parfaite, puisqu’elle n’épargne même pas les prénoms des deux hommes. L’artiste vivant a ajouté un “El“ à son prénom pour se distinguer du défunt Amine Demnati. Sans succès. La jeune histoire de la peinture au Maroc est trop étroite pour faire de l’espace à deux artistes qui portent le même nom. Et elle ne se soucie guère de minuscules adjonctions pour dissocier deux noms. Pour de nombreux amateurs d’art, il n’existe qu’un seul Amine Demnati peintre : il est mort depuis 33 ans. A l’adresse des architectes, El Amine Demnati répétait souvent qu’ils ne l’invitaient pas assez à leur séminaire, ne le citaient jamais dans leur revue. “Ils m’ostracisent“, disait-il avec cette articulation hésitante, hachée, qui donnait de l’épaisseur à ses propos. En matière d’architecture, l’homme était surtout connu par ses talents d’urbaniste. Il ne faisait pas de l’architecture contemporaine, mais aimait intégrer des éléments du patrimoine marocain à ses réalisations : le zellige en particulier. Il a aménagé à cet égard de nombreuses places au Maroc et à l’étranger. La ville de Moulay Driss Zerhoune était l’un des motifs de fierté de ce quinquagénaire, natif de Meknès.
Il cite également de nombreuses réalisations en France : la place de Saint Germain en Laye, la place de Mantes La Jolie, la place Casablanca à Bordeaux. Récemment, il était fier de montrer qu’il continue d’exister en tant qu’urbaniste. Le projet d’aménagement des abords de la mosquée de Mantes-la-Jolie lui a été confié.
Inclassable dans l’art qu’il exerçait, El Amine Demnati était également atypique dans sa façon de se vêtir et de se coiffer. Il portait des blousons en cuir cloutés, des bottes de moto, et lorsqu’il déployait les mains : d’immenses bagues en argent, ornées de têtes de morts, ajoutaient une note inhabituelle à l’excentricité de l’intéressé. Sa chevelure abondante et sa moustache touffue attestaient quelque chose de rebelle aux choses convenues. El Amine Demnati est un original qui ne laissait pas indifférent son vis-à-vis. Le critique d’art Michel Bouvard l’a très bien décrit dans une monographie consacrée à l’artiste : “Individualiste, asocial, solitaire, sensible à fleur de peau, écorché vif, fragile, franc, un peu fou, impatient et fantasque, réservé et agressif, il refuse le groupe et le dialogue, mais se sent rejeté“. Les contradictions de l’homme le rendaient sympathique. Le fait aussi qu’il mène, avec une énergie jamais émoussée, un combat pour s’imposer dans deux corporations, le dotait d’une aura héroïque.
Il a continué jusqu’au bout son combat pour qu’on lui reconnaisse une place dans le monde de l’art. Sa dernière sortie en date est une exposition de peinture, organisée du 15 au 30 janvier, à la galerie du Centre culturel de l’Agdal à Rabat. Les recettes de cette manifestation étaient destinées à la Ligue marocaine de la protection de l’enfance.
De protection, l’artiste reclus aura bien besoin maintenant.
C’est une homonymie parfaite, puisqu’elle n’épargne même pas les prénoms des deux hommes. L’artiste vivant a ajouté un “El“ à son prénom pour se distinguer du défunt Amine Demnati. Sans succès. La jeune histoire de la peinture au Maroc est trop étroite pour faire de l’espace à deux artistes qui portent le même nom. Et elle ne se soucie guère de minuscules adjonctions pour dissocier deux noms. Pour de nombreux amateurs d’art, il n’existe qu’un seul Amine Demnati peintre : il est mort depuis 33 ans. A l’adresse des architectes, El Amine Demnati répétait souvent qu’ils ne l’invitaient pas assez à leur séminaire, ne le citaient jamais dans leur revue. “Ils m’ostracisent“, disait-il avec cette articulation hésitante, hachée, qui donnait de l’épaisseur à ses propos. En matière d’architecture, l’homme était surtout connu par ses talents d’urbaniste. Il ne faisait pas de l’architecture contemporaine, mais aimait intégrer des éléments du patrimoine marocain à ses réalisations : le zellige en particulier. Il a aménagé à cet égard de nombreuses places au Maroc et à l’étranger. La ville de Moulay Driss Zerhoune était l’un des motifs de fierté de ce quinquagénaire, natif de Meknès.
Il cite également de nombreuses réalisations en France : la place de Saint Germain en Laye, la place de Mantes La Jolie, la place Casablanca à Bordeaux. Récemment, il était fier de montrer qu’il continue d’exister en tant qu’urbaniste. Le projet d’aménagement des abords de la mosquée de Mantes-la-Jolie lui a été confié.
Inclassable dans l’art qu’il exerçait, El Amine Demnati était également atypique dans sa façon de se vêtir et de se coiffer. Il portait des blousons en cuir cloutés, des bottes de moto, et lorsqu’il déployait les mains : d’immenses bagues en argent, ornées de têtes de morts, ajoutaient une note inhabituelle à l’excentricité de l’intéressé. Sa chevelure abondante et sa moustache touffue attestaient quelque chose de rebelle aux choses convenues. El Amine Demnati est un original qui ne laissait pas indifférent son vis-à-vis. Le critique d’art Michel Bouvard l’a très bien décrit dans une monographie consacrée à l’artiste : “Individualiste, asocial, solitaire, sensible à fleur de peau, écorché vif, fragile, franc, un peu fou, impatient et fantasque, réservé et agressif, il refuse le groupe et le dialogue, mais se sent rejeté“. Les contradictions de l’homme le rendaient sympathique. Le fait aussi qu’il mène, avec une énergie jamais émoussée, un combat pour s’imposer dans deux corporations, le dotait d’une aura héroïque.
Il a continué jusqu’au bout son combat pour qu’on lui reconnaisse une place dans le monde de l’art. Sa dernière sortie en date est une exposition de peinture, organisée du 15 au 30 janvier, à la galerie du Centre culturel de l’Agdal à Rabat. Les recettes de cette manifestation étaient destinées à la Ligue marocaine de la protection de l’enfance.
De protection, l’artiste reclus aura bien besoin maintenant.
Source: Aujourd'hui le Maroc
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