Hamid Douieb
Alors il enchaîne les expositions en commençant, en 2011 à la Galerie Bab El Kebir de Rabat. En 2013, la Galerie Amadeus de Casablanca lui ouvre ses portes. Et puis la machine s’emballe : Espace Diwan à Rabat, Galerie Medina Art à Tanger, Galerie Mine d’Art à Casablanca,
Galerie Fenn à Tétouan, Espace Rivages à Rabat et, last but not least, la prestigieuse Villa des Arts de Casablanca (consécration ultime pour l’artiste). Les possibilités de montrer ses toiles à travers le Maroc ne manquent donc pas, mais Hamid garde la tête froide. Son but est de rester accessible au plus grand nombre. D’ailleurs, il se refuse d’expliquer sa démarche et d’avancer un quelconque concept à son travail. Dernièrement, et surtout à la suite du confinement, il semble que quelque chose soit venu déstructuré l’image de ses travaux. Dans une forme d’urgence et de désespoir, l’artiste veut que seul l’essentiel émerge... Ainsi, un grand nombre de tableaux de ce genre (sombres et déstructurés) sont sortis de son atelier bruxellois dans le dessein de rejoindre les murs de plusieurs galeries et centres culturels marocains. D’abord à la Galerie Abla Ababou lors d’une exposition collective et prochainement à la Galerie Noir et Blanc de Marrakech et à la Bibliothèque Nationale de Rabat.
Féru d’art depuis l’âge tendre, aux années soixante, l’adolescent vouait un penchant manifeste pour le dessin et un intérêt précoce pour les choses de la philosophie tout comme aux remous de l’art à l’époque, lui pourtant dont le père voulait faire un ingénieur. C’était sans compter que le génie de l’art était le plus fort et dut l’emporter contre vents et marées.
Le rebelle eut fini par imposer son choix ; mais que de péripéties et de va -et - vient pour élire un style tellement mouvant, tellement contestataire qu’on l’aurait pris pour un projet suicidaire.
Fasciné au départ par Magritte, ses ciels et la plasticité de ses formes, mise à part la tendance ,Hamid Douieb succombe quelque temps au joug des hyperréalistes belges mais ne tarde pas à lâcher une voie qu’il eut trouvée trop ennuyeuse et plutôt froide .Il ne voulait pas ‘’tomber dans le piège de la facilité’’ .Et c’est la tentation des audaces d’un plasticien qui fait fi des normes et du dictat de certaines galeries pour imposer son regard .
A l’Université Libre de Bruxelles (ULB) puis au Ranelagh à Paris , il expose fin des années soixante-dix, des travaux figuratifs qui raillent à sa manière la fidélité excessive à des canons qu’il eut trouvés désuets, se ralliant par la même occasion à un groupe d’artistes qui partagent les mêmes préceptes et qui animent déjà une tendance en gestation avec des principes artistiques manifestement de gauche lesquels consistent à remettre en question moult paramètres et à se projeter sans concession vers l’autre. « Vous êtes dans nos sensibilités », lui eut dit auparavant, un membre fondateur de la Figuration Critique.
Les fondements de la jeune tendance allaient justement à la rencontre des vues du jeune peintre en mal de style à l’époque , pratiquement audacieuses face à l’hégémonie des courants de l’époque. Parti ,ainsi que ses compagnons de route , en guerre contre le raz-de -marée de l’art conceptuel, il s’agissait de brandir une nouvelle façon de s’exprimer avec un art figuratif qui aille droit au grand public qui ne reçoive pas nécessairement la bénédiction de l’intelligentsia ou la providence des galeries.
Et depuis , son chemin était fait. Hamid Douieb dessine beaucoup plus qu’il ne peint car ses carnets regorgent de projets et d’esquisses jamais réalisés .Il crée suivant son humeur , boude son atelier dans des arrêts quelquefois assez longs qui frôlent’’ la traversée du désert’’ mais ne tarde pas à revenir tout feu tout flamme comme qui dirait pris par un air de jouvence ineffable.
Après près de quarante années d’absence, de son pays natal , à part les visites estivales régulières pour renouer avec les origines, Hamid Douieb digère le projet d’une rentrée définitive au bled, et qui plus est , nanti d’idées et de concepts .
Il s’agirait d’une expérimentation picturale sans cesse renouvelée, partie de l’observation minutieuse d’une allure ou d’un visage de fille d’Eve , avec des regards chargés d’émotion et d’énigme et suivant une technique où l’art et le ludisme font bon ménage .
Ni expressionnisme acerbe et choquant ni portraitisme fade, l’œuvre devient’’ espace mental’’ comme le veut son créateur. Des visages pas du tout extra – terrestres car ils ont surgi du réel ou de l’inconscient du peintre. Aucune œuvre n’est née du néant , faut –il en convenir ; et à l’époque de la perfection de l’image qui dépasse à des années – lumière les menus artifices du plasticien , se dire créateur relève de la prétention , mais la machine ne saurait rendre le frisson , le regard attendrissant , la grimace poignante ou tout autre épanchement affectif perceptible par l’œil seul du peintre
Pour modeste qu’il puisse paraître, le pari de l’artiste est énorme , il est question de forcer la création avec ce penchant à l’esthétique de l’image , à l’épuration du support et de l’expression du visage sans pour autant tomber dans la minutie excessive . ‘’ Ça devient trop lourd ‘’ , m’eut confié Hamid Douieb. . l’homme, il est vrai , se dérobe . En rendant un visage, il a toujours hâte d’en finir pour ne pas tomber dans le piège de la perfection d’antan.
C’est alors que le turbulent laisse délibérément des contours, rend une main à la perfection, ou encore une partie du visage et curieusement abandonne l’autre ou s’amuse dans des jeux itératifs de miroitements ou de parties du visage ou du corps , lui pourtant, qui a passé plus de trente ans à s’évertuer à faire les mains dans les normes académiques , preuve du zèle du plasticien pourtant toujours enclin à la rébellion plastique .
C’est que Hamid Douieb s’en va réellement dans une quête du parfait. Une fois l’essence atteint, il abandonne le détail quitte à frustrer le regard . Voilà pourquoi le peintre insatiable use de jeux de superposition, de variations des reflets, et de compositions de folie quelquefois, quitte à peindre l’arrière d’un chevalet dans une expérience antérieure , ou tout simplement à peindre sans soucis majeurs en comptant sur une certaine succession de hasards .
Pris dans l’engrenage du figuratif, il tente paradoxalement d’en échapper par maints artifices. Encore faut –il se rendre à l’évidence que Hamid Douieb est un dessinateur qui redevient peintre, fort cependant des influences dont il ne rougit guère
Arrivé en 1969 en Belgique pour des études qui n’ont rien à voir avec l’art , le renégat est allé voir le musée d’art moderne et ce fut le choc de Magritte .L’effet du grand maître surréaliste belge subsiste encore avec ses ciels et les gestes anodins que Douieb dessine sans abus. Autant de clins d’œil telles ces réminiscences de Vermeer et sa’’ Jeune fille à la perle’’ que cite l’artiste ou cette fidélité au traitement des glacis et la leçon des primitifs flamands .
Autant de références que le peintre ne nie guère ; mais le dissident n’en donne qu’à sa tête , d’où cette peinture encline à la fantaisie , à l’humour discret quelquefois .Hamid Douieb procède tout au long de son parcours par étapes de performances picturales .Il a fait les nus à sa manière puis les mains puis il fait escale devant des visages de fille d’Eve pour la plupart.
Des regards sublimés, criards mais jamais tragiques ou lâchés à la dérive. On est en pleine’’ figuration avec contenu’’ comme il se plait à définir son art, puisqu’il s’agit de mettre en images des regards attendris ou ahuris face à la violence vorace et pas du tout humaine. Des postures originales, des compositions d’un autre ordre. C’est que Hamid Douieb tient à transmettre une certaine force qui se dégage avec un travail élaboré du visage et de l’allure.
Une peinture qui ne laisse point indifférent et un lyrisme discret rendu par la seule virtuosité qui échappe au peintre .Des graphismes qui font penser à Francis Bacon et aux esquisses des grands maîtres de la Renaissance
Autant d’atouts que Hamid Douieb tient à dissimuler trop modestement. Dans certaines de ses toiles, il avoue avoir effacé des détails subtils justement pour échapper au catalogage.
Hamid Douieb est cet artiste à l’âme critique. ‘’Toute âme est une mélodie qu’il s’agit de rénover’’, disait Mallarmé. Ce serait bien le mobile du peintre qui d’ailleurs évolue à travers une interrogation permanente, un regard sans cesse renouvelé sur les choses et une remise en question constante de soi- même, l’essence même de la création.
Une vision propre que sous-tend cette volonté d’aller au –delà de la figuration sans pour autant rester esclave du concept. La rigueur du concept , il est vrai, élimine l’émotion ou la minimise . Voilà pourquoi Hamid Douieb tente de montrer quelque chose de’’ plus loin que l’image’’ . Il transmet et laisse le visiteur murir ses perceptions.
Une peinture qui bouscule, transgresse mais émeut et charme à la fois, autant par son engagement total sans parti pris que par ces reflets sereins et pas du tout scandaleux, faits de harcèlements plastiques, de rupture et d’interrogations. Des miroirs d’espérance pour une issue d’une période de transition que traverse d’ailleurs l’art contemporain à l’échelle de la planète, et un arrière-goût d’inachevé à l’arôme cependant aux suaves promesses
2019 VILLA DES ARTS CASABLANC (exposition individuelle) |
2019 ESPACE RIVAGES RABAT (exposition individuelle) |
2018 GALERIE LE CHEVALET CASABLANCA (exposition collective) |
2017 GALERIE FENN TETOUAN (exposition individuelle) |
2016 GALERIE MINE D'ART CASABLANCA(exposition individuelle) |
2016 GALERIE MEDINA ART TANGER (exposition individuelle) |
2015 DIWAN RABAT (exposition individuelle) |
2013 GALERIE AMADEUS CASABLANCA (exposition individuelle) |
2013 Exposition d'ARTLOUAN (exposition collective) |
2012 Centre culturel Golf Atlas MARRAKECH (exposition individuelle) 2012 Ancienne Maison du Charron à Herbeuval (exposition individuelle) 2012 Exposition d'artistes Molenbeekois (exposition collective) 2012 CASA COLON A HUELVA ESPAGNE (exposition collective)2012 GALERIE JUVENAL A HUY (exposition collective) 2011 Galerie Bab El Kebir Rabat (exposition avec Hicham Msaouri) 2011 Festival d'art au chateau Lavaux Saint-Anne (exposition collective) 2011 Maison des cultures Molenbeek (exposition individuelle) 2010 GALERIE COBALT (exposition collective)2010 CHATEAU DE FERNELMONT (exposition collective) 2010 PARCOURS D'ARTISTE Molenbeek (exposition individuelle) 2010 GALERIE LA GIRAFE BRUXELLES (exposition individuelle) 2010 CONCOURS COLLECTION RTBF 2009 A L'ATELIER 210 (exposition individuelle) 2008 L'ESPACE "GUILLAUME & CAROLINE"(exposition collective) 2008 A LA FERME ROSE BRUXELLES (exposition collective) |
2007 CONCOURS LACETS BLEUS (handicap international) |
2007 FESTIVAL DE RUE BRUXELLES (exposition collective) |
2006 GALERIE "CHEZ L'ARTISTE" CASABLANCA |
2005 GALERIE ROLLEBEEK BRUXELLES (exposition collective) 1991 TRACTEBEL BRUXELLES (exposition collective) 1985 GALERIE L'ESCALIER BRUXELLES (exposition individuelle) 1982 RIAD SALAM CASABLANCA (expositon individuelle) 1981 GALERIE L'ESCALIER BRUXELLS (exposition collective) 1980 GALERIE L'OEIL BRUXELLES (exposition individuelle) 1979 CGER BRUXELLES (exposition induviduelle) 1979 ULB BRUXELLES FIGURATION CRITIQUE (exposition collective) 1979 AU RANELAGH PARIS (exposition collective) 1979 GALERIE L'ESCALIER BRXELLES (exposition individuelle) 1978 GALERIE PANORAMIC BRUXELLES (exposition individuelle) 1978 CENTRE CULTUREL ARABART NAMUR (exposition collective) 1977 ABBAYE DE STAVLOT (exposition individuelle) 1976 BABYLON ART GALLERY BRUXELLS (exposition individuelle) 1975 ART POUR TOUS BRUXELLES (exposition collective) 1974 AMERICAN DISASTER BRUXELLES (exposition individuelle) |