Lahcen Bakhti

Ses caricatures égayent les pages de certains journaux arabophones t-els que l’Ittihad Ishtiraki et El Bidaoui. On l’aura compris, il s’agit de Lahcen Bakhti plus connu sous Bakhti. Ses caricatures sont réalisées en arabe classique et touchent tous les thèmes actuels de société. Des thèmes qu’il puise dans la vie quotidienne, mais aussi et surtout dans l’actualité et le factuel. «Je m’intéresse à tout ce qui se passe autour de moi et je m’en inspire, tout en restant libre » explique ce caricaturiste. Né en 1958 à Casablanca, Bakhti s’est plongé dans la caricature en étant très petit. « Je m’amusais souvent à dessiner mes professeurs au collège puis au Lycée. Je les caricaturais et les peignais avec un visage jaune», raconte-t-il avec nostalgie. Un acte non moins sans ennui.
À l’époque, ses caricatures lui ont valu la colère des enseignants. « Mes professeurs étaient très furieux et n’hésitaient pas de me punir pour mes caricatures», déclare Bakhti. Ces incidents scolaires ne vont pas freiner sa passion pour cet art graphique encore balbutiant au Maroc. Ainsi, il intègre le Lycée Jabir Bnou Hayane et se spécialise en arts graphiques. Après avoir décroché son bac, il décide de poursuivre ses études en France. « Je me suis rendu à Paris et je me suis inscrit à l’Ecole Estienne des arts et industrie graphique au treizième arrondissement ». Ces études s’étaleront sur deux ans et aboutiront à la spécialisation de Bakhti dans l’art de la caricature. Avant de commencer à faire valoir son art et sa passion, Bakhti exposera des photographies et des œuvres picturales. Cet artiste semble ne pas vouloir se cantonner dans un seul et unique domaine artistique. « Très peu de gens savent qu’à côté des caricatures, je réalise également des œuvres picturales, et des photographies», révèle Bakhti. Et d’ajouter : « je fais des peintures à la manière de l’hyperréalisme et des photos très documentaires ». Mais malgré le fait que le champ artistique de Bakhti est très large, il est connu surtout pour être caricaturiste. Son public se compte parmi les lecteurs de la presse arabophone. Après ses études en France, Bakhti retournera au Maroc pour construire sa carrière. Une carrière qu’il ne voulait pas mener loin de son pays. « Je n’ai jamais pensé rester et m’installer en France, j’avais plusieurs ambitions et je voulais les concrétiser chez moi», explique Bakhti. C’est ainsi qu’après son diplôme en 1984, il retourne au Maroc pour se consacrer à la caricature. Seulement, il devra faire face à de nombreuses difficultés, qu’on imagine financières. La caricature était à l’époque à peine à ses tous premiers débuts.
« Lors de mon retour, j’ai affronté plusieurs problèmes, je suis resté dans une situation précaire pendant presque dix ans ». Une situation que Bakhti lie à la situation difficile de l’art et de la culture de manière générale et celle de la caricature en particulier. « Notre domaine était très dur, il fallait se battre pour pouvoir s’imposer », souligne Bakhti. Un combat qu’il continuera de mener aux côtés des quelque 5 caricaturistes que compte le Maroc. Après la période de crise, Bakhti se remettra petit à petit de cette siuation difficile et la dépassera. Sa première apparition en public est bel et bien en 1990, dans l’émission Bil Ouadih sur 2M présentée par l’animatrice Nassima El Hour. « Je faisais les portraits des invités qui étaient présents sur le plateau ». Un concept qui était à l’époque novateur au Maroc puisque cela n’était visible que dans les chaînes françaises. Sa première caricature réalisée dans le support papier date quant à elle de 1974 dans « El Watan El Arabi». Cette caricature portait sur Sadate.
   Les caricatures de Bakhti sont réalisées en arabe dialectal. Une façon de se rapprocher le plus de la population, des lecteurs et des spectateurs. « Je préfère les caricatures en arabe dialectal, pour que le message puisse bien être compris et reçu ». Mais quels sont les principaux thèmes de prédilection de Bakhti. Ce sont des sujets de tous les jours qu’il puise dans l’actualité nationale mais aussi internationale. L’important pour lui, c’est de respecter la personne humaine, et s’imposer une sorte d’autocensure. « Il faut faire rire les spectateurs, et les lecteurs, mais il y a quand même des limites. Certes ce ne sont pas les mêmes limites du journalistes, mais il y’en a quand même », déclare Bakhti. Ce caricaturiste veut signifier par là, que la caricature ne doit pas faire rire gratuitement, il faut que ce soit fondé. « Je n’aime pas les caricatures qui montrent à titre d’exemple un chien à la place d’un président». Humiliation est le terme que Bakhti semble bannir de ses caricatures. « Il faut respecter la personne humaine ». Une nature que Bakhti reflète à travers ses nombreuses caricatures publiées dans des journaux arabophones. 

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