Mariam Abouzid Souali
Particulièrement remarquée pendant la 1-54 Marrakech, Mariam Abouzid Souali fait figure d’ovni parmi sa génération. Travailleuse et érudite, cette doctorante en histoire de l’art n’hésite pas à se frotter aux grands maîtres. Portrait d’une jeune artiste bientôt trentenaire qui explore l’univers onirique de l’enfance.&
Seule devant l’immense toile que sa blancheur défend, telle l’al- piniste au pied du glacier. Dans son atelier de Marrakech mis à disposition par sa galerie, la silhouette de la jeune artiste semble frêle devant l’immense écran blanc de 7 mètres sur 5, les dimen- sions exactes du Radeau de la Méduse, le chef-d’œuvre de Géri- cault. Mariam Abouzid Souali a le sourire désarmant des auda- cieuses. Je la rencontre à la veille de son grand défi, se mesurer au chef-d’œuvre démesuré du Louvre, un sommet de la peinture d’histoire. Peu nombreux sont les artistes d’aujourd’hui qui s’y essayent. Orchestrer une vaste composition, mettre en mou- vement sur la toile une foule de personnages, peindre la peti- tesse de l’homme face à son destin, c’était le propre de la pein- ture d’histoire, le « grand genre » réservé aux grands maîtres : de Rubens à Géricault. Mariam, l’enfant du Rif, la surdouée de Tétouan, a cette audace. Elle s’y prépare de longue date.
La petite fille de Targuist a grandi à Rabat sans jamais oublier les jeux de l’enfance au Rif : des enfants silencieux, rarement rieurs, absorbés par leur très sérieuse partie de saute-mouton (semsebbout) ou de cache-cache (khbbayaa), surgissent dans ses dessins et sa peinture depuis ses années aux Beaux-Arts de Tétouan. « L’art, c’est un jeu pour moi », explique-t-elle. Dessi- ner donc, comme une manière de conserver dans son rapport au monde l’innocence de l’enfance.
Source: Le Matin, Diptyk Mag