Mohamed Azouzi
Il porte le même nom qu’un politicien belge d’origine marocaine. Avec un «z» en moins. Mais Mohamed Azouzi n’est pas dans la politique. Les mots ne sont pas son fort, même. En revanche, peindre si. C’est sa vie. Mohamed Azouzi est un artiste né à Casablanca il y a 65 ans. Il va faire son grand retour au Maroc dans les prochaines semaines en exposant ces peintures dans plusieurs galeries casablancaises. Un retour attendu dans le milieu artistique marocain.
Hommage au sol marocain
Mohamed Azouzi vit à Paris depuis 1970, date à laquelle il quitte son Maroc natal pour étudier à l’école Nationale Supérieure des arts décoratifs à la Sorbonne d’où il obtiendra un diplôme décroché avec une mention très bien. Puis, il se lance dans une carrière de peintre où il expose dans différentes galeries d’art parisiennes. «Je n’ai pas souhaité retourné au Maroc à cette époque car en France, tout était disponible pour m’adonner à mon art. Il y avait l’espace, le matériel et les gens étaient plus sensibles à mon art. Au Maroc, les gens étaient trop matérialistes. Certains venaient me voir en me demandant de faire des portraits d’eux ou pour me réclamer une toile gratuitement. Et quand tu leur donnes une toile, ils ne font plus attention à toi. Ils t’oublient», explique-t-il. «Mais le Maroc me manque toujours quand je suis en France. Le soleil, le couscous, les bruits des rues marocaines et surtout parler aux gens simples», ajoute-t-il.
Mohamed Azouzi ne peint pas des portraits mais des œuvres abstraites. Des œuvres qui rendent hommage à la terre marocaine. «D’or et de sable, c’est le don de ce souffle qu’Azouzi nous apporte de son natal Maroc. C’est l’harmonie brune, l’harmonie rouge et chaude, mouvante, des ergs sahariens que la pâte riche fait jaillir sans fin de la toile», écrivait Maurice Decraiene, critique d’art sur le travail d’Azouzien 1983. On ne peut rester indifférent au choix des couleurs marron, sable, terracotta et orange qu’il utilise dans ces tableaux.
Un peintre au grand coeur
Au fur et à mesure qu’il expose, il se fait un nom et attire la curiosité des amateurs d’art à Paris. Connu pour sa passion insatiable pour l’art, Jacques Chirac, alors maire de Paris à la fin des années 70 remarque son travail. Plusieurs semaines plus tard le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris achète à Mohamed Azouzi une œuvre. Puis c’est au tour de la ville de Paris qui lui en commandera 4. Interrogé sur ce qu’il a ressenti lorsqu’il a su que Jacques Chirac appréciait son travail, Mohamed répond simplement, sans développer mais en lançant un petit rire. «C’est eux qui décident !».
En juillet dernier, c’est le Roi Mohamed VI qu’il rencontre dans son palais à Rabat à l’occasion de la fête du trône. Une nouvelle fois, il ne s’attarde pas sur ce qu’il a ressenti lorsqu’il a serré la main du souverain. «J’ai senti que c’était un roi !», lâche-t-il sans ajouter un mot supplémentaire.
Mohamed Azouzi vit dans son petit monde. «Mais attention mon petit monde, il est grand !», se défend-il. Lui faire sortir une phrase complète est une véritable torture. Cependant, son sens de l’humour, sa joie de vivre font de lui un personnage attachant. Les valeurs qu’il prime dans son «grand monde» sont simplicité, modestie respect des gens, et générosité, des valeurs transmises par son défunt père.
Dès qu’il rencontre une personne qu’il apprécie et avec qui il échange, il n’hésite pas à lui offrir de bon cœur l’une de ses œuvres. «Mon moral grandit quand je suis écouté», lance-t-il. Une générosité si grande qui n’aura jamais fait de lui un homme riche. «Je n’aime pas le mot riche. J’aime vivre, c’est tout. Ca ne m’intéresse pas d’avoir le sens des affaires. Quand j’ai de l’argent, j’achète du nouveau matériel ou je rentre au Maroc pour des vacances, je mène une vie très simple», explique-t-il. «Peut-être qu’aujourd’hui si je ne suis pas riche, c’est parce que je n’ai pas vendu beaucoup d’œuvres. Il y a eu des expositions qui ont bien marché et d’autres moins bien», poursuit-il.
En attendant son grand retour dans les galeries marocaines, Mohamed Azouzi doit encore terminer et peaufiner les œuvres qu’il va présenter. Les dates de ces prochaines expositions ne sont pas encore connues.
Source: Yabiladi
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