Mohamed Benyaich
Ludiques, créatives et très lumineuses, c’est ainsi qu’on peut qualifier les toiles de Mohamed Benyaich, un adulte toujours resté enfant dans sa tête et dans sa manière de percevoir le monde. Pour s’en convaincre, il suffirait de regarder ses œuvres où le spectateur est interpellé par la grossièreté des traits, abrupts et saillants, des personnages qu’il peint. À travers des formes déformées à volonté, le peintre transpose une vision du réel qui lui est propre. Avec ses yeux d’artiste, les choses ont une apparence autre. Les êtres humains qui peuplent ses toiles n’affichent pas les traits de ceux que nous croisons tous les jours.
Ces énergumènes, hommes et femmes, paraissent tout sortis de l’imaginaire de l’artiste. On aurait demandé à un enfant de représenter l’univers qui l’entoure, il aurait accouché de ces mêmes images, avec la même innocence et la même force expressive. Aujourd’hui encore, Benyaich revendique cette fuite du réel et son attachement à son propre monde, qu’il s’est construit avec ses outils et ses matériaux. «Depuis des années, je travaille dans mon monde, étrange oui, mais aussi compliqué», avoue-t-il. «Quand je travaille, il y a une lutte permanente entre la raison et le cœur. Le résultat est dominé par le cœur. Sans penser, je trace des traits et ensuite vient la couleur et c’est le plus important. Je dirais que ma peinture est spirituelle. Mon monde aussi et j’ai peur de tomber dans le réel», ajoute l’artiste.
Sans prétention aucune, Mohamed Benyaich ne cherche pas à philosopher sur la nature humaine et encore moins à étaler des théories sur le fond de l’existence. Pour lui, l’acte de peindre répond au besoin incontrôlable de s’exprimer et de laisser libre cours à ses pulsions créatrices. Libre au spectateur, d’interpréter, par la suite, ce qu’il voit selon sa sensibilité et sa culture.
«Je ne donne rien à voir», souligne d’emblée Benyaich. Et d’ajouter : «Au contraire, j’essaie de cacher ce reflet, pour moi le monde est chacun de nous, l’interpréter c’est souvent une façon de cacher ce qui ne peut l’être. Et je circule entre le surréel et le sous-réel. Le jeu, il y en a toujours, peut-être un jeu sérieux, mais c’est toujours un jeu, je suis resté le petit garçon qui veut jouer, c’est un engagement et c’est permanent.»
En décrivant la démarche et le processus de création chez Mohamed Benyaich, le critique d’art Domingo Garcia Cafiedo s’exprime en ces termes : «Je sens en Mohamed Benyaich une imagination fertile, en perpétuelle création artistique. Il est né artiste et l’est en permanence. Ceci a donné naissance à une œuvre d’une grande originalité, concrétisée sur tous les supports imaginables, depuis le bout de bois trouvé dans la rue transformé en joueur de cornemuse asturien ou l’oiseau de feu qui à l’origine n’était autre qu’un reste d’une boîte en carton rejetée par la mer. Son imagination et son travail l’ont conduit à réaliser de grandes œuvres d’un grand expressionnisme qui révèlent un monde au plus profond de l’occulte pour le confronter à la réalité quotidienne de laquelle il n’est autre que le reflet».
Source: Le Matin
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