Mohamed Chebâa

Disparu en 2013, feu Mohamed Chebâa a laissé derrière lui un héritage inestimable en œuvres plastiques que beaucoup de générations futures pourront apprécier et en profiter sur le plan culturel et intellectuel. Ainsi, cette exposition ambitionne de fournir un récit narratif et visuel sur la carrière riche et variée de l’artiste, afin de donner au public l’opportunité de s’informer sur le mouvement de l’art contemporain, l’histoire des arts et les méthodes d’échange culturel et cognitif dans les Émirats arabes unis.
À ce propos, la directrice du Complexe, Rim Faddah, a précisé que l’objectif de cet espace culturel est d’accueillir des expositions et des projets artistiques qui permettent aux visiteurs de découvrir différents styles d’art à travers l’Histoire, ainsi que des perspectives d’expression artistique et culturelle contemporaine, de manière à développer le goût pour les arts dans la société, et établir une base publique consciente de la valeur des arts et de ses concepts. À cet effet, un catalogue numérique a été publié par le ministère de la Culture et du tourisme où il est indiqué que le Complexe culturel d’Abou Dhabi présente l’exposition «Conscience visuelle» de l’artiste-plasticien marocain feu Mohamed Chebâa, pionnier de l’art contemporain marocain et de la modernité du Sud mondial.
Cette publication met en lumière les œuvres qu’il a réalisées au cours de sa carrière artistique. Alors que cette exposition, qui est la première rétrospective organisée hors du Maroc après son décès, reprend les œuvres qu’il a présentées de 1957 à 2012, offrant à voir ses peintures, sculptures, art graphique et modèles de design d’intérieur, ainsi que ses archives sur six décennies précédentes.
Rappelons que le parcours éloquent de Mohamed Chebâa lui a valu plusieurs hommages, aussi bien de son vivant qu’après sa disparition. Cet éminent homme de la culture et l’un des fondateurs de la peinture moderne au Maroc était un vrai militant qui a mené une carrière ayant marqué l’univers pictural du Royaume. Et ce aux côtés d’artistes de sa génération, notamment feu Farid Belkahia, Mohamed Melihi et bien d’autres. Il faut dire que son travail ne s’est pas limité à l’évolution de cet art en tant que créateur. Car feu Chabâa a, aussi, contribué à cette éclosion par plusieurs textes sur la peinture, parus sur les colonnes de «Anfas» (Souffles) où il était réputé par son franc parler et son analyse approfondie. Sans oublier la publication par l’Union des écrivains du Maroc (dont il était membre) d’un ouvrage intitulé «La conscience visuelle au Maroc», consacré à la description des spécificités de l’innovation picturale du disparu. Ajouter à cela, sa collaboration dans l’initiation de plusieurs générations à l’art plastique à l’École des beaux-arts de Casablanca, puis à l’École nationale d’architecture ou encore en tant que directeur de l’Institut des beaux-arts de Tétouan. Diffuser cet art un peu partout était son rêve le plus cher. Ainsi, le succès de ses prestations fut récolté au Maroc et dans divers pays, notamment à Rotterdam, Bruxelles, Charleroi, Chicago, São Paulo, Grenoble, Beyrouth, Alger, Montréal, Rome, Washington DC, Tunis, Alexandrie, Caire, Madrid, Lisbonne, République de San-Marin, Syrie... S’exprimant sur son travail, Chabâa avait dit «ma peinture des années 1980, aérienne et “oxygénée”, aérée et volatile marque ma rupture avec l’idéologie comme ciment de la création… Je ne savais pas, alors, que j’étais en train de sceller mon post-modernisme».
Ses idées marquent, de ce fait, la profondeur de sa pensée sur la culture en général et sur l’art en particulier, menée à travers ses œuvres singulières, aspirant à la promotion des notions de liberté, de beauté et de respect des valeurs humaines et universelles. 
Source: Le Matin

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