Mohamed El Hani
Natif de la région d’Azemmour, El Hani a grandi dans un quartier de cette ville, entouré d’artistes peintres locaux. Très tôt, à l’âge de neuf ans, il quitta l’école pour se frotter à la peinture. Son voyage à Essaouira donna un saut qualitatif à son art. Il a pris conscience de l’adéquation de son œuvre et du marché local constitué de touristes occidentaux.
La ville d’Azemmour a de tout temps inspiré les artistes. El Hani fait partie de cette lignée habitée par l’esprit de ce fleuve qui irrigue la ville et qui se jette dans l’Atlantique. Cette atmosphère mystique vibrant à l’aune d’idéaux soufistes, conjuguée à une pratique picturale spécifique à El Hani ont engendré un style unique. Quarante ans durant, El Hani s’est exercé dans un premier temps à peindre des espaces courbes, à décorer la troisième dimension. Cette pratique a engendré chez cet artiste exceptionnel une nouvelle façon de transcrire le monde. Dans le plan, il cherche toujours à retrouver l’espace, cette troisième dimension qui a rythmé son art. Cela donne une œuvre fractale : des formes s’auto-génèrent à l’infini. El Hani a créé un style : encoder l’infini dans le fini au travers d’un chaos harmonieux pour notre bonheur.
El Hani, tel un dompteur de l’infini, est un générateur de kaléidoscopes foisonnant de créatures étranges, d’univers parallèles évoluant au gré de conditions initiales. Il est d’une simplicité, d’une gentillesse, d’un humanisme exemplaires. Il vit au jour le jour dans des conditions matérielles très précaires. Sa souffrance émerge de son œuvre. Il peint la misère, sa ville avec laquelle il entretient un rapport quasi œdipien, les visages ancestraux qui ont été préservés, tel un trésor, par les remparts d’Azemmour.