Mohammed Kacimi

Artiste inclassable, majeur, en devenir. Mohammed Kacimi (1942-2003) a incontestablement marqué la scène artistique et picturale marocaine, africaine et internationale. Son œuvre immense et s’singulière en témoigne. Après une jeunesse marquée par l’errance et la quête de soi, l’artiste trouve, en revanche,  un pur plaisir de peindre sur gouache ou papier. C’était  en 1957, à Meknès. Ainsi, le hasard et la passion les guident vers de nouveaux horizons plus vastes et créatifs. À la fin des années 50 et 60, l’éternel voyageur et vagabond multiple ses périples à la rencontre de l’autre, de sa culture et sa civilisation.  Et c’est en 1964 que l’artiste aurait alors choisi de se consacrer à son premier amour : la peinture.  Un an plus tard, Kacimi, peintre-penseur dévoile ses œuvres lors de sa première exposition personnelle au Conservatoire Municipale de Meknès. Ce fut un événement marquant dans les débuts de sa carrière artistique  professionnelle. D’autres expositions viennent par la suite dont l’exposition personnelle à la Galerie La Découverte de Rabat. Peintre nomade, poète aux semelles de vent, Mohamed Kacimi a fait le tour de plusieurs pays, notamment en Europe, en Afrique, en Orient… Or, la terre marocaine ; son ciel étoilé, la beauté de ses paysages et visages meublent ses inspirations. Le charme de Tiznit influence sa peinture. Asilah lui donne le sens profond du blanc et du bleu où il avait réalisé une grande peinture murale donnant sur la mer. Et puis… «Le bleu de Kacimi » est désormais alors l’une des singularités de sa peinture poétique et dense en couleur. Le corps humain était au cœur de son œuvre. On y voit dans ses toiles des corps esquissés, des silhouettes sans visages… Il s’agit là d’une incarnation de l’homme et de son époque, mais aussi de ses déchirures à la fois ontologiques et existentielles. Ce que le regardant des ses œuvres pourraient d’ailleurs  découvrir  dans sa série intitulée «Shéhérazade et la guerre» (1991), qui n’était qu’un clin d’œil à la Guerre du Golfe ayant influencé ses travaux dans cette période cruciale de l’histoire de l’humanité vivant dans le chaos, les incertitudes, les catastrophes, les crises des idiologies et des idéaux ainsi que les chocs culturels et civilisationnels. Ce «Voyageur elliptique» et artiste-poète a sans aucun doute enrichi l’art moderne au Maroc et dans le monde arabe.  Palette  prolifique aux œuvres monumentales, Kacimi a été séduit par la grandeur de l’art  et son rôle libérateur en explorant d’autres espaces et supports. A Grenoble (1985) en passant par son installation «la Grotte des futurs)  à l’Institut français, le peintre a extériorisé  son génie créatif.

Peintre de l’existence et de la condition humaine

Habité par les questions de sa société, Mohammed Kacimi, plasticien majeur de la scène contemporaine africaine, a incarné par le geste pictural et artistique  la condition humaine, la réalité et le contexte de son époque, mais aussi le bonheur et l’espoir recherchés dans la noirceur des visions tragiques de son époque. Tout y est dans ses œuvres ; son énergie, sa force, sa façon de voir les choses et son nouvel imaginaire légué aux générations à venir. Ses toiles animées par la richesse et la force du vécu de l’artiste sont meublées de symboles, de couleurs, de corps, de signes. Par le biais du dessin, de la sculpture, de la peinture sur les différents supports, le peintre a construit des ponts artistiques entre le Maroc et le continent africain, en ouvrant de nouvelles pistes d’échange et de dialogue entre le Nord et le Sud. Palette des deux rives, les œuvres prolifiques de Kacimi ont  fait le tour des musées à Paris, Bahrein, Grenoble, Genève, Baghdad, Montpellier, Le Caire. Sa touche mêlant entre abstraction et figuration a créé une contemporanéité nouvelle dans le paysage plastique marocain, arabe, africaine. Or, cette modernité plastique et artiste est puisée dans l’originalité et l’ancrage culturel marocain.

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