Nabil Boudarqa
Un travail qui commence par prendre le contre-pied des normes académiques : « Même si le portrait a des mesures et des règles à respecter, je commence toujours à peindre sans savoir ce que sera le résultat final. J’essaye toujours de chercher le portrait à partir de ce que j’ai peint ». Sa passion pour le cinéma et sa maîtrise de la photographie le poussent aussi à traquer, derrière chaque couche de peinture, derrière chaque collage ou pochoir, une source de lumière qui viendrait apaiser les tensions qui se font jour sur la toile. « Ce que je n’arrive pas à photographier, explique-t-il, je le peins. Ce que je n’arrive pas à peindre, je le photographie ».
Étape ultime de son processus de travail, une couche de peinture acrylique jaune mélangée à de l’eau recouvre entièrement la toile ou le papier, comme pour homogénéiser l’ensemble. « C’est comme si j’apposais un filtre sur un objectif photographique », commente-t-il, rappelant en cela les expérimentations plastiques tentées en leur temps par des cinéastes expressionnistes comme Murnau. Parfois, la toile est poncée, voire griffée, « comme pour effacer ce qui doit l’être et apporter une ombre au tableau ». La douleur des expressions et la souffrance des corps le disputent à la couleur chatoyante dans une dialectique ombre-lumière omniprésente. Évoluant sous l’œil bienveillant de son ami et maître Hassan Bourkia, avec qui il entretient un dialogue permanent depuis qu’ils se sont rencontrés en 2013 lors des Journées d’encadrement des jeunes artistes organisées par l’IRCAM à Rabat, Nabil Boudarqa exposait récemment ses œuvres chez Artem Gallery à Casablanca.
Olivier Rachet
Source: Diptykmag