Najib Wardi

Un monde transfrontalier d’abstraction lyrique Avec un sens de frontalité de l’espace pictural, les œuvres de l’artiste-peintre marocain Najib Wardi se caractérisent en somme par l’absence hiérarchisation des parties dans la toile qu’il couvre totalement de peinture, s’appuyant sur la technique du « All over ». Expressionnisme et abstraction lyrique obligent, l’artiste a choisi dans ses travaux de grands formats pour exprimer sa perception du monde avec beaucoup de poésie.

Paul Klee, un des peintres abstraits, disait dans son livre « La Pensée Créatrice» : «La fonction de l’art n’est pas de reproduire le visible, mais de rendre visible l’invisible». Ce qui signifie que l’œuvre d’art est sensée être détachée du spectacle de la nature et de l’objet, elle a le devoir de s’ inspirer de l’irréel et de l’irrationnel , ne pas reproduire ce que le spectacle du monde offre comme image, mais, plutôt, créer des formes et des couleurs à partir de l’invisible. Cependant, cet écart des réalités observées et la disparition totale de l’image laissent place à l’irrationnel et l’incompréhensible, éléments qui occupent une place prépondérante dans l’abstraction ; ce qui pose, automatiquement, l’inévitable et fréquente question : « l’artiste abstrait peut-il donner une signification à son œuvre ?» C’est le cas aussi dans les œuvres récentes de l’artiste-peintre Najib Wardi où la non- représentation est la pierre fondatrice. On y observe une volonté délibérée de ne rien reproduire du spectacle du monde, le détachement de la peinture figurative ou, en d’autres termes, de la peinture représentative. A l’instar de l’artiste Wassily Kandinsky, la grande tâche de notre plasticien consiste à créer des formes et des couleurs pour rendre visible l’invisible, l’irréel réel. A ce titre, il est très important de rappeler que, dans ce processus de réalisation abstraite, Najib a toujours réalisé des compositions plastiques harmonieuses et a imposé un certain équilibre dans sa démarche. Il est un artiste abstrait, comme un voyageur qui, pour la première fois, effectue un voyage vers une destination inconnue, via un certain itinéraire, il sait qu’il est sensé marcher, mais ne sait pas ce que le voyage lui réserve comme paysages. C‘est seulement, une fois que le voyage est terminé qu’il peut décrire ce qu’il a fait et ce qu’il a découvert durant son itinéraire. Ainsi l’autonomie et l’indépendance de l’œuvre de Najib Wardi lui permettent de s’exprimer indépendamment d’elle. L’œuvre raconte l’histoire de sa création, de sa naissance et de sa réalisation, elle confirme sa provenance de l’invisible et de l’irréel, dans un langage autre que celui de l’image où la signification trouve, amplement, sa place. De même que dans l’écriture, les lettres de l’alphabet constituent un outil de communication avec l’intellect, dans les compositions abstraites de notre artiste, ce sont les formes et les couleurs. Cette composition a le pouvoir de parler à l’âme de celui qui la regarde en silence et sans l’intervention inutile de l’artiste. Elle porte en elle la signification authentique ; il suffit à celui qui la regarde de comprendre cette vérité. Au cours de la réalisation de l’œuvre, la seule préoccupation de l’artiste est la recherche de l’équilibre. La force créatrice se manifeste à travers elle, il est au service de cet idéal, il est le trait d’union entre l’invisible et le visible, l’immatériel et le matériel. En fait, Najib puise son inspiration dans l’irrationnel, raison pour laquelle, ses œuvres abstraites ne s’adressent pas à l’intellect de celui qui les regarde, elles parlent à son âme par le biais des formes et des couleurs, que l’on peut éventuellement considérer comme un «alphabet pictural» fonctionnant de la même façon que des notes de musique. En outre, la particularité des travaux de Najib résident dans le fait qu’ils sont comme une mélodie visuelle.
AYOUB AKIL
Source: Marocains Partout

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