Rachid Arejdal
Avec un sens de frontalité de l’espace pictural, les œuvres de l’artiste-peintre marocain Rachid Arejdal se caractérisent en somme par l’absence hiérarchisation des parties dans la toile qu’il couvre totalement de peinture, s’appuyant sur la technique du « All over ». Expressionnisme et abstraction lyrique obligent, l’artiste a choisi dans ses travaux de grands formats pour exprimer sa perception du monde avec beaucoup de poésie axé sur le corps.
Dans les œuvres récentes de cet artiste-peintre et professeur des arts plastiques, natif de Marrakech en 1971, la non- représentation est la pierre fondatrice. On y observe une volonté délibérée de ne rien reproduire du spectacle du monde, le détachement de la peinture figurative ou, en d’autres termes, de la peinture représentative. A l’instar de l’artiste Wassily Kandinsky, la grande tâche de notre plasticien consiste à créer des formes et des couleurs pour rendre visible l’invisible, l’irréel réel.
A ce titre, il est très important de rappeler que, dans ce processus de réalisation abstraite, Rachid a toujours réalisé des compositions plastiques harmonieuses et a imposé un certain équilibre dans sa démarche. Il est un artiste abstrait, comme un voyageur qui, pour la première fois, effectue un voyage vers une destination inconnue, via un certain itinéraire, il sait qu’il est sensé marcher, mais ne sait pas ce que le voyage lui réserve comme paysages. C‘est seulement, une fois que le voyage est terminé qu’il peut décrire ce qu’il a fait et ce qu’il a découvert durant son itinéraire. Ainsi l’autonomie et l’indépendance de l’œuvre de Rachid Arejdal lui permettent de s’exprimer indépendamment d’elle.
L’œuvre raconte l’histoire de sa création, de sa naissance et de sa réalisation, elle confirme sa provenance de l’invisible et de l’irréel, dans un langage autre que celui de l’image où la signification trouve, amplement, sa place. De même que dans l’écriture, les lettres de l’alphabet constituent un outil de communication avec l’intellect, dans les compositions abstraites de notre artiste, ce sont les formes et les couleurs. Cette composition a le pouvoir de parler à l’âme de celui qui la regarde en silence et sans l’intervention inutile de l’artiste. Elle porte en elle la signification authentique ; il suffit à celui qui la regarde de comprendre cette vérité.
Au cours de la réalisation de l’œuvre, la seule préoccupation de l’artiste est la recherche de l’équilibre. La force créatrice se manifeste à travers elle, il est au service de cet idéal, il est le trait d’union entre l’invisible et le visible, l’immatériel et le matériel. En fait, Rachid puise son inspiration dans l’irrationnel, raison pour laquelle, ses œuvres abstraites ne s’adressent pas à l’intellect de celui qui les regarde, elles parlent à son âme par le biais des formes et des couleurs, que l’on peut éventuellement considérer comme un «alphabet pictural» fonctionnant de la même façon que des notes de musique.
En outre, la particularité des travaux de ce plasticien réside dans le fait qu’ils sont comme une mélodie visuelle où domine le thème du corps. Un thème rebattu, visité et revisité par les grands peintres de l’histoire. D’où la complexité de cette tâche, ce défi à relever. Dans ses œuvres, il a largement remporté ce pari. Intrusion dans l’intimité du corps ou volonté de le sublimer? Les deux à la fois. En témoignent ses œuvres récentes qui s’inscrivent dans une logique de continuité dans la rupture. En somme, ces travaux se profilent comme le fruit de trois décennies d’une quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat du jaillissement de sa palette si riche mais également de ses recherches plastiques.
Chez Rachid, cette tension picturale s’exprime par l’interpénétration des formes, des couleurs vives posées. Rachid Aredjal simplifie ainsi les formes abstraites de ses toiles jusqu’à obtenir des coloris comme des vibrations vaporeuses et lumineuses dans une matière parfois opaque. C’est dire que les plages de couleurs ne se touchent jamais complètement. Ses toiles, d’un format mural, présentent des tâches en forme de flammes puis de grandes plages de couleurs en aplats, constituées de deux ou trois couleurs, sa « non-couleur privilégiée».
Ayoub AKIL
Source: Marocains Partout
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