Saad Ben Cheffaj

Fasciné par la culture méditerranéenne, dans ses toiles, il dessine une scène, une arène, où se joue quelque chose vers lequel il dirige notre regard. Cet artiste-peintre n’est que Saâd Ben Cheffaj.

Cet artiste est l’un des principaux acteurs de la jeune histoire des arts plastiques au Maroc. Sa première exposition remonte à 1956, et depuis il ne s’est jamais détourné de l’acte de peindre. «Comprendre, non ce que disent ces œuvres au critique d’art ou au galeriste, mais l’émotion que j’éprouve en face des peintures de Saad Ben Cheffaj. Enoncer comme dans un abécédaire, qui ne respecte pas l’ordre alphabétique, le pourquoi de la bouleversante puissance des œuvres de Ben Cheffaj», a écrit Aziz Daki, critique d’art dans une note de présentation.

Les œuvres que peint Ben Cheffaj sont traversées par l’ensemble des poésies, des problèmes internes, des sensations, des manifestations qu’a connus l’artiste. Et la fascination de M. Ben Cheffaj pour la culture méditerranéenne? Cet artiste-plasticien répond à cette question avec conviction. «Il faut préciser un thème au départ de mon travail. Dans mes toiles j’ai choisi de dévoiler la culture méditerranéenne à travers plusieurs aspects. Cette culture représente l’histoire de l’art et la peinture authentique». De la mythologie, l’artiste a retenu la dramatisation des gestes, la vocation à théâtraliser les faits en invitant notre regard vers une espèce de cadrage à l’intérieur du cadre du tableau. Le plus captivant chez cet artiste est son utilisation simultanée de leu couleur bleue. «Le bleu c’est la source de l’atmosphère, le profondeur, la forme de toute culture méditerranéenne. Il représente la source de la civilisation, l’eau. Bref, je me trouve dans cette couleur», conclut-il.

Après des études, en 1957, à l’École des beaux- arts de Séville, M. Ben Cheffaj a suivi des cours d’histoire de l’art à l’École du Louvre à Paris. Il est ensuite revenu en Espagne pour décrocher, en 1962, le diplôme de professeur à l’Ecole supérieure des beaux -arts «Santa Isabel de Hungria» de Séville. En 1965, Ben Cheffaj est rentré au Maroc pour enseigner l’histoire de l’art, le dessin et la peinture à l’École des beaux-arts de Tétouan. Il existe une vertu énigmatique chez les personnages peints par Ben Cheffaj. Ils communiquent une impression de vie. Ben Cheffaj n’aurait pu réussir à doter de vie ses tableaux sans une familiarité de plus de cinquante ans avec la peinture.

Il a connu plusieurs périodes (figuration, expressionnisme, néoréalisme, abstraction), avant d’aboutir à cette peinture terreuse, à l’éclat sombre, qui caractérise ses derniers travaux. Un peintre, fort d’un demi-siècle d’intimité avec la peinture, peut presque peindre les yeux fermés. Il va, en tout cas, au-delà de la seule perception par la rétine. 

Source: Aujourd'hui le Maroc

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