Saâd Bouhmala
Dans «Naissance», le plasticien Saâd Bouhmala développe sa quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat-jaillissement d’une palette riche. En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu'une telle pratique n'a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu'esthétique, de réhabilitation des notions d'identification et de reconnaissance. C’est ce que pense également le critique d’art Abderrahmane Benhamza. «Cette approche du non-dit en art inscrit iconographiquement le travail de Bouhmala dans le cadre d’une esthétique moderniste affirmant une conception de la sculpture comme création symbolique, dont les techniques et les dimensions varient à l’infini. Comme chez les artistes de la deuxième moitié du 20e siècle, tels que Lüpertz, Kirkeby ou Carl André, le résultat obtenu se dissocie de tout ce qui rappelle le naturalisme, où la forme se dégage de ses aspects démonstratifs, accidentels ou contingents», indique-t-il à ce propos. Il faut dire que les travaux de Saâd Bouhmala possèdent le sens de l'universel atemporel.
Ils sont en somme d'une limpidité chromatique considérable. La création picturale dans les œuvres de Bouhmala est une effervescence de sensations renouvelées et chargées de charme. Une sorte de quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat-jaillissement d’une palette riche. Cette logique esthétique transpose une âme d’artiste raffinée et emplie de verdure pour une envolée dans les cieux de l’imaginaire. Ses œuvres sont souvent empreintes de formes simples et tranchantes. Et c'est là la marque de fabrique qui l'accompagne jusqu'à aujourd'hui.
«Prise dans un contexte global, il s’agit d’une peinture complétive, au gestualisme euphémisé, faite avec des couleurs qu’on dirait puisées dans la palette impressionniste, tant l’élément lumière fait naître des nuances et des tons subtils. Le concept de la femme y est allégorisé, voire “virtualisé” dans son essentiel, à travers des flashs sensuels vivement colorés», ajoute Abderrahmane Benhamza. Pour lui, le thème universel inépuisable s’il en est, traité chacun à sa manière par des peintres connus, dont les Marocains Karim Bennani et Farid Belkahia, «L’éternel féminin», débouche chez Saâd Bouhmala sur des résolutions matiéristes ciblées. Le subjectivisme qui les qualifie leur confère «une plasticité de bon aloi». Dans ses travaux, Bouhmala jongle avec plusieurs matériaux. Et si l'art contemporain a pour désinvolture de se séparer, il faut bien admettre qu'apparemment ce temps est révolu. L'art qu’il nous donne à apprécier aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec cet art de la séparation et du sublime détachement, du néoplasticisme à l'expressionnisme abstrait. Il s'agit avant tout d’un art contemporain marocain prôné comme méthode de travail par cet artiste, professeur d’arts plastiques. Sa méthode d'approche du regardeur procède par induction de virtualités contenues dans l'œuvre qu'il ne reste plus qu'à nommer.
Source: Le Matin
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