Toufa Al Harah

«Toufa Al Harah» artiste-peintre sahraouie d’origine amazighe, autodidacte, née à Assa-Zag, femme distinguée sur la scène artistique des provinces du sud marocain, incubatrice de l’identité saharienne aux confins de la culture authentique marocaine, qualifiée «déesse du Sahara».

Dans le domaine de l’art plastique, comme dans d’autres domaines, la créativité artistique demeure le principal pilier du développement économique et social et du progrès du Maroc.  A ce sujet, nous avons choisi l’artiste Toufa Al Harah «déesse du Sahara» pour apprécier et mettre en avant la richesse et la diversité de la culture hassanie.

Le terme générique «déesse du sahara» n’est pas fortuit, il renferme à la fois l’équité, la liberté, la réjouissance, la paix et la sécurité, la civilisation contre la violence, l’apaisement contre la vengeance et la stabilité contre le chaos.

La majeure partie des œuvres de Toufa portent des messages, des symboles et des connotations artistiques délibérées (…).

Ses débuts artistiques remontent à 1987, l’année lors de laquelle, elle découvre être artiste naïve, ce qui l’a forcé de quitter les bancs de l’école en 3ème année primaire.

Ses premiers penchants de peinture naïve l’a découvert au hasard chez  Chaibia Talal qu’elle a soudainement regardé à la télé en train de présenter ses toiles au moment de la préparation de son déjeuner.

Depuis, Toufa s’est inspirée de la défunte Chaaibia qu’elle a rencontré à plusieurs reprises de son vivant par la suite.

La première toile de la « déesse du Sahara », qu’elle a conçue de façon spontanée et  innée, était meublée d’un corps féminin à l’affût de liberté.

Après quoi, elle enchaine les productions et les expositions effectuées et préparées dans son atelier à Mohammedia (Maroc) , et ce depuis 1987 jusqu’à aujourd’hui, outre des expositions au Maroc, notamment à Tanger, Rabat et Boujdour entre autres, l’artiste, qui fait actuellement dans l’art contemporain, a dévoilé ses œuvres dans des pays à l’étranger dont la France, la Belgique, le Danemark, les Etats-Unis d’Amérique et les Pays-Bas. 

Ses œuvres restent tout de même un espace généreux, non comme un simple support, mais comme une matière/couleur génératrice de formes apocalyptiques et inquiétantes entre les vides et les pleins.

Couleurs du Sahara et de la mer

L’artiste-peintre Toufa Al Harah cherche depuis toujours à exprimer ses émotions et sentiments au moyen de médiums des couleurs  de la mer et de la terre saharienne. Dans ce cadre, Toufa tente d’expliquer la couleur de la mer qui dépend, selon ses dires, en grande partie des animaux de la mer et des rayons du soleil formant un spectre visible de couleurs jaunes transformées en rouge, puis en vert pour terminer en bleu. A ce titre, il y a lieu de souligner que la teinte observée dépend essentiellement de la position et de la profondeur de la mer : turquoise en endroit et  transparente à son bord en raison de l’empêchement de l’absorption des rayons du soleil.

Pour la couleur de la terre saharienne, cette dernière a été identifiée de façon visuelle par des grains de sable qui comportent de couleur foncée : noir, brun, rouge, orange, rose, vert, bleu…les couleurs des plantes sont vertes, claires ou vertes foncées…les couleurs des roches qui sont rouges, noires, brunes ou grises. Il faut dire en fin que les couleurs jouent un rôle important dans le paysage physique et humain. La teinte et les matériaux dans la construction des logements peuvent apporter une contribution aux données de la morphologie, du climat, de la géographie botanique et de la géographie humaine.

Fête et réjouissance : la guedra et l’houle

Dans les traditions ancestrales hassanies, La fête et le rite dans le sahara marocain ne font qu’un. Ils donnent lieu à diverses célébrations offrant des moments privilégiés pour se rencontrer, se réjouir, s’instruire, se réconcilier et resserrer les liens sociaux. Toufa s’est intéressée depuis son jeune âge à la cérémonie de la guedra et l’houle qui est largement répandue dans nos provinces sahariennes. La guedra  et l’houle  reposent en grande partie sur la commensalité, basée sur le partage de la nourriture qui revient à partager l’humanité comme identité. La sacrifice, le sang de l’immolation y occupe une place centrale.

 La réjouissance de la guedra et l’houle passe inéluctablement par la musique et la danse qui sont les moyens privilégiés de la joie. Dans la toile sus-citée portant la couleur bleue, on voit très bien de nombreuses femmes se voilant le visage pour se protéger du soleil et des grains de sable sont  en train de danser devant la guedra,  remodelées par l’habitus collectif de la communauté façonnées par plusieurs centaines d’années de pratique, d’ajustements, d’arrangements, d’emprunts, elles sont le produit d’une longue expérience de la vie.

L’art au service de la paix, de la sécurité et de la tolérance

Toufa a marqué sa présence dans les provinces du sud à travers son expérience cumulative et créative durant son long parcours artistique (1987-2022) qui est riche en réalisations et participations dans plusieurs expositions et rencontres locales, provinciales, régionales, nationales et internationales. Ses travaux actuels reposent principalement sur la thématique suivante : « le maintien de la paix, la sécurité et la tolérance dans le monde sans exclusion ni discrimination entre les sectes, les couleurs,  les races et les lignées ».

Son souci majeur est de voir la paix règne dans le monde,  améliorer les risques de migration, de pollution de l’environnement et lutter contre les armes massives et contribuer à la mise en valeur des éléments patrimoniaux monumentaux qui sont profondément ancrés dans la civilisation et l’histoire du Maroc caractérisés par l’art, la créativité et l’originalité.

Pour l’heure, cette artiste compte à son actif plusieurs œuvres d’art, dont les plus importantes : une œuvre consacrée à l’histoire du Maroc qu’elle dédie à SM le Roi Mohammed VI en 2003. Elle vient également de concevoir 5 nouvelles toiles pour les cinq continents habités : L’Afrique , l’Europe, l’Asie, l’Amérique et l’Australie. Ces œuvres ont fait l’objet d’une exposition artistique organisée, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, au siège de l’icesco à Rabat, le 23 mai 2022.

Cette artiste n’est pas une novice…après maintes expériences plastiques, elle s’accomplit pan par pan…un sens fort de responsabilité culturelle hassanie qui se confirme de plus en plus et revitalise sa technique d’une énergie nouvelle et fraiche, celle de la peinture/matière comme finalité et non comme simple moyen.

Une peinture canalisant les préoccupations majeures, picturales et existentielles. Un nouveau système éthique, et un nouveau style pictural s’instaure et se développe désormais au sein de la pratique plastique chez Toufa.

Source: Albayane Press

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